Photo du 29ème sommet de l’Union africaine, à Addis-Abeba, Ethiopie du 3 juillet 2017 / Reuters / Tiksa Negeri
Une conférence-débat s’est tenue le Vendredi 1er décembre à la Sorbonne, organisée par L’AMECAS et administrée par Monsieur MATESO et Monsieur LOOG.
Il a été question au cours de cette rencontre d’aller beaucoup plus loin dans la réflexion sur le panafricanisme et d’outrepasser l’unique étude historique.
En effet, l’objet de cette rencontre a été de poser un regard critique sur l’efficacité et la place des nombreuses institutions qui se revendiquent panafricanistes, dans le devenir des peuples africains.
Les intervenants ont réussi à décortiquer les problèmes qui s’abritent derrière cette idéologie.
Il en a résulté trois grands axes de réflexion :
I – LES ORIGINES DU PANAFRICANISME:
Sans en consacrer une définition homogène et statique, on peut définir le panafricanisme comme une idée politique et un mouvement qui promeut et encourage la pratique de la solidarité entre les Africains et l
De sa germination en Amérique du Nord et aux Caraïbes, à sa concrétisation en Afrique durant la lutte indépendantiste, nos deux intervenants sont revenus sur les moments cruciaux du foisonnement du panafricanisme.
En effet, les intervenants ont recensé l’apport indéniable de plusieurs élitistes afro-descendants, tels que DUBOIS, BLYDEN ou WILLIAMS, véritables instigateurs dans l’affirmation politique du mouvement.
Les intervenants se sont également penchés sur le processus de transfert du panafricanisme en Afrique, dont le substrat a été la lutte contre le joug de l’impérialisme occidental; une lutte qui aboutira à l’édification d’institutions et de nombreux groupes indépendantistes.
En outre, la question de l’origine et de l’essor du panafricanisme avait d’ailleurs engendré plusieurs questions dans l’auditoire, notamment sur la centralisation du mouvement panafricain sur les colonies françaises, au détriment des colonies anglaises. Cependant, après un échange, il a été précisé que la barrière linguistique, et les réseaux antérieurs aux années 1940, ont stratifié les mouvances entre francophones et anglophones.
II- L’UNION AFRICAINE ET LES INTÉGRATIONS RÉGIONALES:
S’il est établi qu’à sa création en 2002, l’Union Africaine (ancienne OUA) était fondée sur des revendications d’autodétermination des peuples africains menée par le groupe de Monrovia, et le groupe de Casablanca, le doute s’installe aujourd’hui quant à l’honnêteté et l’efficacité de ses actions.
Les intervenants ont mis en exergue les défaillances des bases même de cette institution.
En effet, bien que l’UA fait écho à l’esprit du groupe de Casablanca qui prônait une unification économique, géographique et politique de l’Afrique, il en est toute autre dans sa structure et son fonctionnement car cette dernière n’est qu’une perpétuation de la vision nationaliste prônée par le Groupe de Monrovia.
De plus, l’émergence de conflits politiques, tels que les guerres du Congo et les guerres civiles dans le golfe de Guinée, viendront parachever la capacité d’influer de L’UA, et paralyser la portée de ses actions.
III- L’IMPLANTATION DES PAYS MAGHREBINS DANS LES INTEGRATIONS REGIONALES:
Dans cette troisième partie, le débat s’est orienté vers la problématique de l’intégration des pays maghrébins dans l’UA, et dans les intégrations régionales africaines telles que la CEDEAO.
Les intervenants ont soulevé la question de la confrontation entre le critère civilisationnel et le critère géographique sur lesquels se base le panafricanisme.
En effet, longtemps basé sur la race (pan-négrisme), le panafricanisme tend à évoluer, et la réintégration du Maroc à l’UA, ainsi que sa prochaine intégration à la CEDEAO, en traduisent bien la portée.
Par conséquent, il a été question durant cette rencontre de clarifier la disparité civilisationnelle qui existe entre les peuples d’Afrique subsaharienne et ceux de l’Afrique septentrionale.
Ce qui a amené les intervenants à s’interroger si l’implantation et l’intervention des pays de l’Afrique du Nord dans ces intégrations régionales ne répondent pas en réalité à des intérêts de domination économique à défaut d’un panafricanisme «de cœur».
Enfin, les intervenants ont souligné que le nœud du débat résidait dans la conception même de <<l’Afrique>>, qui selon eux ne se définit nullement sur des critères purement géographiques, mais bel et bien sur le partage d’une histoire, et d’une culture communes.
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