30ème sommet de l’Union Africaine : Quels défis en 2018 ?

Billet écrit par DIEUDONNE

 

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Du 22 au 29 Janvier 2018, s’est tenu le 30ème sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, capitale de l’Ethiopie où se situe le siège de cette institution.

Présidée dorénavant par Paul Kagamé, chef d’Etat du Rwanda, cette session semble diffuser une vague de promesses et de nouvelles dynamiques dans tous les domaines de gouvernance.Sous la présidence d’un tel personnage, il convient de s’interroger sur les défis auxquels cette institution est appelée à faire face durant cette année. 

L’Union africaine ayant succédé à l’OUA en 2002 lors du sommet de Durban, concrétisation de la Déclaration de Syrte en 1999, semblait présenter davantage de garanties que son prédécesseur. Cependant, en raison des guerres en Afrique des Grands Lacs, du cas somalien qui perdure depuis 1991, des guerres civiles dans le Golfe de Guinée ou encore de la Guerre du Darfour au Soudan, l’UA s’est très vite laissée déborder.

Tous ces dossiers épineux ont paralysé l’efficacité de l’institution, laissant ainsi les coalitions régionales ou internationales onusiennes gérer les crises africaines.

 Il faut rappeler que les fondements actuels de l’Union Africaine ne se conforment pas aux volontés originelles de ses créateurs, notamment celles de Kwame Nkrumah. Comme pour l’OUA, l’esprit du Groupe de Casablanca semble encore marquer les projets panafricains de l’UA avec la suppression des frontières, monnaie continentale ou encore un corps militaire totalement africain. Malgré cela, nous sommes encore bien loin des « Etats-Unis » d’Afrique de Kwame Nkrumah dans la mesure où, le Groupe de Monrovia a imposé la souveraineté et l’intangibilité des Etats africains. Ce sont des éléments que nous avons détaillé lors de notre conférence sur le Panafricanisme institutionnel le 01 Décembre 2017 (1)

  A la tête du Rwanda depuis 2000, Paul Kagamé dirige le pays d’une main ferme. Souvent critiqué pour l’exercice autoritaire de son régime, le chef d’Etat peut se vanter d’avoir redressé le Rwanda après les années sombres qu’a connu le pays (le génocide rwandais en 1994). Qu’importe les méthodes, Paul Kagamé a érigé son pays en modèle de développement économique et social. Cette réussite qui s’inscrit dans la durée, lui octroie une certaine autorité et légitimité à l’échelle continentale. Deux statuts sur lesquels il s’appuie afin d’imposer ses méthodes de gouvernance dans l’Union Africaine.

 Le continent africain est parsemé de troubles de tout genre, les Etats sont faillis ou alors déliquescents. En effet, même le Nigéria en dépit de sa place de grande puissance, ne parvient pas à assumer son rôle de leader tant ses problèmes sont aussi nombreux que ses atouts. Quant à l’Afrique du Sud, elle traverse une crise politique illustrée par les nombreux scandales du président Jacob Zuma.

Par conséquent, privée de leadership(s), l’Afrique tend à se faire entendre via l’Union Africaine, en revanche, celle-ci se trouve amputée de toute efficacité.

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 En plus de la situation inhumaine endurée par les migrants d’Afrique Subsaharienne, malgré les émois de la communauté internationale en Novembre dernier, l’Union africaine occulte une autre crise migratoire. En effet, en Israël, les migrants venant des deux Soudan et de la Corne d’Afrique sont contraints de quitter le territoire Hébreux sous peine de détention à durée indéterminée. Ne bénéficiant d’aucun statut social ni juridique en raison de leur passage en Egypte principalement (Seuls les réfugiés venant directement de leurs pays d’origines ont le droit d’avoir un statut légal), le départ de ces africains est moyenné, et tout ceci avec la collaboration de certains Etats d’Afrique orientale ou des Grands Lacs…

 Les formes de terrorisme sont aussi un problème qui nécessite une plus grande collaboration des Etats africains concernés. Si des coalitions militaires ont déjà été créées comme en Somalie, au Sahel, au Lac Tchad, les efforts octroyés ne sont guère au rendez-vous. Concernant les Shebabs, ce sont les Etats-Unis qui sont actuellement en train de poursuivre la lutte, au détriment de l’AMISOM (2)

 Au Mali, le G5 Sahel est grandement financé par les Etats européens et les Etats-Unis (3). Dans le Delta du Niger, Boko Haram, énième facteur de défaillance pour les quatre pays concernés, a énormément reculé mais est loin d’être vaincu. Dans l’Afrique des Grands Lacs, l’Ouganda avait dans un premier temps agit presque seul face à l’ADF qui tient ses bases dans l’Est de la République Démocratique du Congo, avant d’être rejoint par la MONUSCO et l’Afrique du Sud.

 En parlant de la République du Congo dont les crises semble avoir atteint un seuil de non-retour, les puissances régionales impliquées dans ces crises et qui combattent l’ADF ne peuvent plus se cacher derrière leurs propres fourberies afin de justifier leur présence armée sur la partie orientale du pays. Rappelons que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine est attendu à agir davantage dorénavant, présidé par le Maroc pour l’année 2018. La situation au Congo-Kinshasa devrait être au cœur des préoccupations de cet organe, n’en déplaise au Rwanda, acteur phare de la déstabilisation du pays.

 En dernier lieu, si l’Union Africaine souhaite réellement être un acteur clé dans le développement des pays africains, celle-ci devra irrémédiablement redéfinir une vision globale, outre les objectifs qui devront se concrétiser pour l’Agenda 2063.

Attendu que plusieurs puissances étrangères considèrent l’Afrique comme un marché à fort potentiel, ou alors, comme un condensé d’hydrocarbures et de matières premières à exploiter. Les pays africains doivent agir de concert face à cette nouvelle ruée vers l’or.

La Chine de Pékin a déjà rendu dépendants ou redevables, plusieurs pays africains en seulement 20 ans, l’Inde et le Japon ne veulent pas rester éternellement derrière leur rival voisin.

Egalement en retard, la Turquie et la Russie multiplient les visites ou les partenariats avec certains pays africains, notamment d’Afrique orientale et centrale ; Israël n’est pas non plus inactif. Malgré le soutien de la quasi- totalité de l’Afrique pour la Palestine (Hormis le Cameroun et l’Erythrée), l’Etat Hébreux conquiert progressivement du terrain, en particulier dans le domaine de la coopération militaire et agraire.

En substance, Une pléthore de puissances sont avides des ressources africaines dont les pays cherchent toujours une place d’acteur dans la mondialisation.

L’Union Africaine parviendra-t-elle à relever les défis auxquels l’Afrique fait face ?

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