Economic Freedom Fighters : Un parti politique prometteur pour l’avenir de l’Afrique du Sud ?

Les origines

L’Economic Freedom Fighters ou EFF (en français, les « Combattants pour la Liberté Économique ») est un parti politique sud-africain qui a été fondé en 2013 par des dissidents du Congrès National Africain (ANC) et dont la figure de proue est Julius Sello Malema, ancien membre du mouvement des pionniers de l’ANC et ancien président de la ligue de jeunesse de l’ANC. Les partisans de l’EFF reprochent à l’ANC et à l’Alliance Démocratique (parti libéral sud-africain en grande majorité soutenu par les sud-africains blancs) de faire la part belle aux entreprises et d’avoir vendu les sud-africains noirs au capitalisme comme main d’œuvre bon marché. En somme, l’EFF s’attaque au monopole qu’ont sur les richesses minières et foncières du pays une certaine bourgeoisie majoritairement blanche et minoritairement noire, qui s’est enrichie après l’Apartheid et qui possède une grande partie des richesses que renferme le pays de Madiba. Ainsi, l’EFF a par exemple vivement critiqué les chefs d’entreprises noirs et les propriétaires noirs de sociétés minières en Afrique du Sud. Dans une allocution prononcée devant l’Oxford Union en novembre 2015, Malema s’est élevé contre Patrice Motsepe, milliardaire et propriétaire d’une société minière. L’EFF ne s’attaque donc pas qu’à la bourgeoisie blanche sud-africaine, contrairement à ce qui est avancé par certains médias occidentaux, mais le parti s’attaque aussi à la bourgeoisie noire sud-africaine.

Le leader

Julius Malema lors du lancement de l’EFF à Marikana, le 14 octobre 2013. Source : REUTERS/Mujahid Safodien.

Julius Sello Malema, né le 3 mars 1981 à Seshego, dans l’ancien bantoustan du Lebowa, est l’actuel président et commandant en chef de l’EFF qu’il a lui-même fondé. Ce fils d’une mère célibataire d’origine pedi, domestique vivant dans un township, vient donc d’un milieu social très modeste. C’est dès l’âge de neuf ans que Julius Malema Sello adhère aux Masupatsela, le mouvement des pionniers de l’ANC. Dans sa jeunesse militante, selon Malema, l’une de ses principales activités consistait à retirer les affiches électorales du Parti National (le parti qui a mis en place l’Apartheid). À l’âge de 14 ans, Julius Malema entre dans la ligue de jeunesse de l’ANC (ANCYL) et reçoit une formation militaire. Parallèlement, ses résultats scolaires sont très mauvais et deviendront un sujet de polémiques quelques années plus tard, même s’il obtiendra quand même une licence en philosophie. En 1995, Malema est élu chef de la branche régionale de la ligue à Seshego et président régional. En 1997, il devient président du Congress of South African Students (COSAS) avant d’en devenir, en 2001, le président national. Président de l’ANCYL depuis avril 2008, comme le fut autrefois Nelson Mandela, il se fait rapidement remarquer durant la guerre de succession à la tête de l’ANC menée entre Thabo Mbeki, le Président de la République et chef de l’ANC en titre, et son adversaire, Jacob Zuma, ancien vice-président, où il apporte son soutien inconditionnel à Jacob Zuma.

Julius Malema est un personnage au caractère assez sulfureux et à la personnalité clivante en raison de ses propos qui dépassent parfois les limites de la bienséance. Par exemple, Malema n’a pas hésité à qualifier Helen Zille, cheffe de l’Alliance Démocratique (DA), de « raciste » et d’avoir une « tête d’espionne de l’Apartheid ». De même, il a accusé les chefs du Congrès du peuple (COPE, parti sud-africain fondé par des partisans de Thabo Mbeki, dissidents de l’ANC) d’être des « traîtres » à la solde des impérialistes.

Même si Malema occupe une place prépondérante au sein de l’EFF et en est la figure de proue, nous pouvons citer d’autres membres éminents du parti tels que le vice-président Floyd Nyiko Shivambu, le secrétaire général du parti, Marshall Mzingisi Dlamini, la secrétaire général adjointe du parti, Poppy Mailola, la présidente nationale, Zovuyo Veronica Mente et la trésorière générale, Omphile Maotwe.

L’affaire de la chanson : « Shoot the Boers »

Malema fait l’objet de nombreuses polémiques, notamment en raison de l’affaire de la chanson « Shoot the Boers ». En effet, en 2009, Malema remet sur le devant de la scène Dubula ibhunu, un chant traditionnel de l’époque où l’ANC luttait contre l’Apartheid et qui appelait à « tuer les Boers » (les Boers désignent en Afrique du Sud les fermiers blancs afrikaners). La mise en avant de cette chanson intervient dans un contexte où, selon Agri SA – la plus importante union d’exploitants agricoles – deux fermiers sont tués chaque semaine en Afrique du Sud. Le tout, dans un pays où 50 personnes sont assassinées chaque jour et qui totalise 11 785 attaques et 4 044 meurtres de fermiers depuis 1991. Selon les partisans de Malema (dont Winnie Mandela notamment) ce chant est inoffensif, appartient à l’histoire du pays et ne vise personne en particulier, mais uniquement le système de l’Apartheid. Perçue comme une chanson raciste et appelant à la haine et au meurtre, la chanson Dubula ibhunu sera déclarée contraire à la Constitution par la justice sud-africaine en mars 2010 sans pour autant que Malema accepte le jugement.

Poursuivi devant un tribunal de Johannesburg par des organisations civiles afrikaners, comme AfriForum, et le syndicat des fermiers du Transvaal (TAU), Julius Malema est reconnu coupable d’incitation à la haine pour avoir repris dans ses meetings cette chanson de la lutte anti-Apartheid et est condamné à payer une partie des frais de justice. Il accuse alors la Cour de « racisme » à son égard. Le 19 septembre 2011, le Congrès national africain annonce qu’il fait appel contre ce jugement interdisant le chant contesté.

D’ailleurs ce chant vaudra à Malema d’être mis en cause indirectement dans l’assassinant d’Eugene Terre’Blanche en avril 2010. Il s’agissait d’un ancien policier sud-africain reconverti en fermier et chef de file du Mouvement de résistance afrikaner (Afrikaner Weerstandsbeweging, AWB), un mouvement politique paramilitaire afrikaner, farouche partisan de l’Apartheid et de l’établissement d’un Volkstaat (un territoire autonome). Eugéne Terre’Blanche fut condamné en 1997 pour agression et fut incarcéré trois ans avant d’être remis en liberté en 2004.

C’est à la suite de ces événements que Jacob Zuma, estimant que les déclarations incendiaires de Malema participent à l’entretien des tensions raciales dans le pays, désavouera son protégé déclarant que l’ANCYL avait adopté « un comportement et des propos complètement étrangers à la culture de l’ANC ». Prenant connaissance du discours de Zuma, Julius Malema se dit alors choqué par les commentaires publics du président à son égard, affirmant que Thabo Mbeki ne l’avait jamais traité de cette façon en public.

La rupture avec l’ANC

En raison de ces polémiques, le 20 avril 2010, Malema fait l’objet d’une procédure disciplinaire. Il risque, dans le pire des cas, l’exclusion du parti même s’il est peu probable que cette sanction soit prononcée. En mai 2010, la commission disciplinaire de l’ANC condamne Malema à verser une amende et à s’excuser pour avoir notamment apporté son soutien à la politique de Robert Mugabe au Zimbabwe, sapant alors les efforts de médiation politique de Jacob Zuma.

Malema continue néanmoins de faire des déclarations polémiques ou remettant en cause la politique de Jacob Zuma et son autorité sur le parti, ce qui lui vaudra de comparaître pour insubordination devant la commission disciplinaire de l’ANC en août et septembre 2011. Il lui est notamment reproché d’avoir « porté atteinte à la réputation de l’ANC » et d’avoir « semé la division », et risque d’être suspendu, voire exclu du parti. Lors de son audition devant la commission disciplinaire, ses partisans s’en prennent à la police, blessent des journalistes et brûlent un drapeau de l’ANC ainsi que des t-shirts et portraits à l’effigie du président Jacob Zuma. Le 2 septembre 2011, la commission rejette tous les arguments de Julius Malema visant à obtenir l’abandon des charges retenues contre lui.

Le 10 septembre, à l’occasion du 67e anniversaire de la Ligue de jeunesse de l’ANC, Julius Malema dans son discours s’en prend à nouveau aux Afrikaners. Cette fois-ci, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Le 10 novembre 2011, la commission de discipline du parti rend sa décision et suspend Julius Malema pour cinq ans pour avoir semé la division au sein de l’ANC, défié ses dirigeants nationaux et porté atteinte à l’image du parti. La commission ne retient cependant pas contre lui la charge d’incitation à la haine raciale. Il est exclu du mouvement de jeunesse de l’ANC le 29 février 2012. En revanche, il n’a pas été reconnu coupable par la commission de propager « racisme et intolérance politique ». C’est à la suite de son exclusion de l’ANC en 2012, qu’il fonde l’EFF.

Un parti politique pas comme les autres : idéologie, propositions, positionnement politique et actions

Rien de mieux que cette phrase de présentation que l’on trouve sur le site web du parti pour illustrer l’idéologie de l’EFF : « Bienvenue aux Combattants pour la Liberté Economique : Les Combattants pour la Liberté Économique est un mouvement radical et militant pour l’émancipation économique, fondé en 2013, avec l’ambition de rassembler les révolutionnaires, les activistes et militants, les organisations communautaires aussi bien que les groupes lobbyistes sous le parapluie du parti politique qui poursuit la lutte pour l’émancipation économique ».

En analysant cette citation, nous pouvons clairement constater que l’EFF s’inscrit dans la tradition politique des populismes de gauche tels que nous les avons connus avec Chavez au Venezuela et Evo Morales en Bolivie par exemple. Le populisme de gauche repose sur trois critères essentiels : l’opposition élites VS peuple, la convocation constante du peuple et la figure du tribun qui est censé guider le peuple.

Idéologie

En se basant sur le clivage politique occidentalo-centré « gauche-droite », l’EFF est souvent placé et se place lui-même à gauche de l’échiquier politique. Sur le plan idéologique, L’EFF repose sur quatre piliers :

  • Une tradition marxiste-léniniste : l’EFF adopte une grille de lecture marxienne (lutte des classes) pour analyser la société sud-africaine. En témoigne cette citation de Malema : « Les cicatrices du colonialisme et de l’Apartheid sont toujours là. L’échec à changer les structures de la propriété dans notre économie et à rendre la terre à notre peuple ont abouti à ce que notre peuple dispose de droits politiques, mais pas de liberté économique ».
  • Le Sankarisme : l’EFF se revendique des idées de Thomas Sankara en termes de style et d’idéologie. D’ailleurs en mai 2014, lors d’un meeting, un membre éminent de l’EFF, Jackie Shandu déclare que l’EFF est « un parti fièrement sankariste ».
  • Les écrits de Fanon concernant ses analyses de l’impérialisme occidental, de l’État, de la culture et des antagonismes de classe qui existent dans toutes les sociétés.
  • La pensée panafricaniste.

Si le parti fait l’objet de nombreuses polémiques et controverses notamment suite à certains propos tenus par Julius Sello Malema concernant les Afrikaners, son intérêt pour les questions sociales, sa grille de lecture marxienne et identitaire reste néanmoins intéressante et soulève des questions qui se posent dans d’autres pays du continent africain. En effet, ce parti dont le leitmotiv est « l’émancipation économique » et le slogan « Our land and jobs, now ! » (« Notre terre et notre travail maintenant ») met sur la table des propositions sur le plan social et identitaire qui pourraient s’appliquer à nombre de pays sur le continent qui font face à des problématiques similaires.

Propositions

Sur le plan social, nous pouvons citer quelques mesures phares du parti telles que la volonté de lutter contre la corruption qui est endémique en Afrique du Sud, de fournir un logement social de qualité, de dispenser des soins de premières nécessités et une éducation pour tous gratuitement. L’EFF propose aussi d’exproprier les terres volées, de nationaliser les secteurs minier et bancaire, de doubler les aides sociales et le salaire minimum et de supprimer le système de péage pour les autoroutes.

Sur le plan identitaire, en juin 2015, le parti reprend dans son programme une ancienne proposition panafricaniste demandant que l’Afrique du Sud soit rebaptisée « Azanie », que l’hymne national sud-africain soit expurgé de Die Stem van Suid-Afrika (l’hymne national durant l’Apartheid, dont certains éléments ont été incorporé à l’hymne actuel) et que l’architecture des bâtiments soit revue et adaptée pour refléter l’histoire de la lutte des Africains contre le colonialisme. Il demande en outre, dans son programme pour les élections municipales de 2016, qu’une quarantaine de villes de la province du Cap-Occidental soient également rebaptisées. Encore une fois, à l’heure où la question du déboulonnage des statues ou du changement du nom des rues rendant hommage à la colonisation se pose, aussi bien en Afrique qu’en Occident, l’EFF soulève une question qui est plus que d’actualité.

Positionnement politique

Malema a défendu la politique d’expropriation des terres des Blancs du Zimbabwe menée par Mugabe et propose de nationaliser les mines sud-africaines et d’exproprier sans indemnisation les fermiers blancs sud-africains. Il déclare qu’il faut « renverser le régime impérialiste » du Botswana, attribuant au président Ian Khama le qualificatif de « marionnette de l’Ouest » car son pays abrite Africom (le commandement militaire américain opérationnel en Afrique) et pour avoir affirmé que Julius Malema était un « garçon indiscipliné ». Contestant l’intervention de l’Otan en Libye, il qualifie les Américains d’« impérialistes assoiffés de sang ». Ces déclarations prennent place au sein d’un ensemble de discours des chefs de la Ligue des jeunes de l’ANC qui remettent en cause la direction de l’ANC et du gouvernement sud-africain.

Lors des violences xénophobes qui ont émaillé l’Afrique du Sud récemment (qui visait notamment les Zimbabwéens, les Nigérians, les Mozambicains, les Zambiens, accusés de voler le travail des sud-africains) Julius Malema a été l’un des rares hommes politiques sud-africains avec son parti politique à condamner fermement ces actes. Il a notamment déclaré qu’une fois que les responsables de ces actes xénophobes auront fini de s’en prendre à leurs frères Africains, ils s’en prendraient par la suite à leurs propres compatriotes. Pour Malema, le fait de dire que les étrangers volent le travail des sud-africains est tout simplement de la désinformation. Pour lui, la xénophobie qui existe en Afrique du Sud résulte du fait que beaucoup d’Africains souffriraient d’une « haine de soi ».

Actions

En outre, l’EFF est un parti politique qui n’hésite pas à descendre sur le terrain pour mener des actions coups de poing ponctuelles. Par exemple, en 2016, les Economic Freedom Fighters participent et mènent plusieurs manifestations à l’université de Pretoria et à l’université de l’État-libre pour que l’afrikaans ne soit plus une des langues alternatives d’enseignement et soit remplacée par des langues africaines.

De même, le 13 janvier 2018, à la suite d’une campagne de publicité raciste (montrant un enfant noir portant un pull sur lequel il est inscrit : « le singe le plus cool de la jungle ») l’EFF saccage des magasins de la marque HM en Afrique du Sud.

Résultats électoraux et sociologie de l’électorat de l’EFF

REUTERS/Siphiwe Sibeko

Concernant ses résultats électoraux, l’EFF s’est imposé comme un parti politique majeur de la vie politique sud-africaine mais aussi comme l’un des principaux partis de l’opposition. En effet, en 2014, le parti effectue une percée aux élections générales, entrant à l’Assemblée Nationale avec 6,35 % des suffrages et entrant dans toutes les assemblées provinciales. Lors des élections municipales de 2016, l’EFF remporte 8,31 % des voix et rentre dans plusieurs majorités. Enfin lors des élections générales de 2019, le parti améliore son score, remportant 10,79 % des suffrages et progresse dans toutes les élections provinciales. Aujourd’hui l’EFF possède 44 députés sur 400 à l’Assemblée Nationale et 11 représentants sur 90 au Conseil National des provinces.
L’EFF fait de bons scores dans les provinces où il n’hésite pas à jouer sur les alliances avec les autres partis politiques tels que l’ANC ou l’Alliance Démocratique. Cependant, le parti doit encore lutter pour massifier et peser plus sur le plan national. Concernant la sociologie de son électorat, il est principalement constitué de jeunes hommes noirs issus en grande partie des couches sociales les plus défavorisées de la société sud-africaine.

Conclusion

Pour conclure, nous pouvons dire que sur le plan des résultats électoraux, l’EFF est un parti qui est sur une bonne dynamique et qui pourrait dans un futur proche jouer un rôle encore plus prépondérant dans la vie politique sud-africaine. En effet, le parti pourrait notamment bénéficier de l’effritement du monopole de l’ANC sur la vie politique sud-africaine en raison des affaires de corruption auquel il est mêlé (l’affaire Jacob Zuma par exemple), sans oublier les inégalités sociales criantes et l’insécurité endémique auxquelles fait face le peuple sud-africain et auxquelles l’ANC n’a pas apporté de réponse concrète depuis son arrivée au pouvoir. Dans un scénario où la colère du peuple sud-africain continuerait à monter vis-à-vis de l’ANC et de ses dirigeants en raison de la non-résolution des problèmes sociaux de base des sud-africains, l’EFF qui joue sur cette fibre sociale pourrait très bien se voir propulser au pouvoir. Sur le plan idéologique, l’EFF en raison de son intérêt pour la question sociale, sa grille de lecture marxienne et sa défense de l’identité africaine (« souverainisme africain ») de l’Afrique du Sud, reste un parti aux propositions intéressantes dont l’actualité mérite d’être suivi sur tout le continent. Cette ligne politique « radicale », « populiste » plaît et pourra plaire davantage à un électorat populaire de plus en plus déçu par l’ANC, ce qui laisse présager de bonnes choses pour l’EFF sur le plan électoral dans un futur proche.

Toutefois, le parti gagnerait à « s’institutionnaliser », parfois quand on observe le comportement de certains membres du parti lors d’opérations coups de poing, on se demande si l’EFF est un parti politique ou une milice politique. On peut aussi reprocher à l’EFF un goût très prononcé pour le militarisme sans oublier la réputation sulfureuse de son leader Julius Sello Malema. D’ailleurs, en avril 2016, il annonçait, dans une interview accordée à Al Jazeera, qu’il n’excluait pas d’avoir recours à la violence pour renverser le gouvernement, ce qui a amené l’ANC à porter plainte contre lui pour trahison. Tous ces éléments font que Malema pour l’instant ne rassure pas assez, n’est pas pris au sérieux par certains sud-africains et est cantonné au rôle du trublion. L’EFF gagnerait à se « normaliser » sans pour autant renier sa subversivité et son radicalisme pour toucher un électorat un peu plus modéré mais sans se mettre à dos non plus son électorat populaire.

Enfin, il est bien beau de dénoncer la corruption mais l’EFF est lui-même mêlé à des affaires de corruption. En effet, une enquête menée par un centre de journalisme d’investigation a révélé que l’EFF avait reçu 500 000 rands de pots de vin d’une entreprise en contrepartie d’un contrat de 1,26 milliard de rands pour la gestion d’une flotte de véhicules utilisés par la ville de Johannesburg, avec l’accord tacite de l’Alliance démocratique. De plus, Julius Malema a été accusé d’enrichissement personnel et mis en cause dans une affaire portant sur le détournement de millions de fonds publics ; il a fait l’objet d’une enquête policière mais nie ces accusations. D’autre part, lorsqu’on suit Malema sur les réseaux sociaux, notamment sur Instagram, on peut constater qu’il mène un train de vie assez luxueux. On est très loin de la frugalité des grands leaders marxistes tels que Thomas Sankara dont il se réclame ce qui entraîne un paradoxe entre ses convictions et son train de vie (même s’il n’est pas le premier, ni le dernier homme politique à mener un train de vie contraire à ses idéaux). Comme dirait l’autre : « Pour monter au cocotier, il faut avoir le caleçon propre » ou encore : « On voit la paille dans l’œil de son voisin, mais pas la poutre dans le sien ». Nous finirons sur cette citation d’Alfred Musset qui semble bien illustrer l’EFF ainsi qu’un bon nombre d’organisations politiques africaines : « Qu’importe le flocon, pourvu qu’on ait l’ivresse ».

Article rédigé par Charles Faye.


Sources :

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