La Guinée-Bissau : pays déclaré en crise politique par la CEDEAO au profit d’Umaro Sissoco Embalo

La Guinée-Bissau, un État ouest-africain au sud du Sénégal, traverse depuis son indépendance en 1974, une période politique scandée par une quinzaine de tentatives de putschs dont quatre ont abouti. Cette indépendance a été obtenue à la force des bras de ses masses paysannes et à l’intellect de ses fondateurs dont le leader Amilcar Cabral. Toutefois, il n’aura suffi que d’une unique présidence de Nino Vieira pour que l’espoir né de cette indépendance disparaisse. En effet, ce président, parvenu au pouvoir par le biais d’un putsch, a anéanti tous les acquis de l’indépendance, car il installa un climat propice à l’instabilité politique.

À la fin de son mandat de 1980 à 1999, Nino Vieira est contraint à l’exil. C’est alors Malam Bacai Sagna, un ancien militant anti-colonialiste, qui assure l’intérim. En 1999, le chef d’État Kumba Yalla est élu sous les couleurs du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), qu’il quitte pour créer un nouveau parti, le Parti pour le Renouveau Social. Il assure son mandat du 17 février 2000 au 14 février 2003, date à laquelle Venssimo Correia Seabra interrompt son mandat par un coup d’État. De nouvelles élections organisées en 2005, permettent à Nino Vieira de revenir au pouvoir. Cependant, il ne finit pas son mandat présidentiel car il est assassiné en 2009.  Malam Bacai Sagna, vainqueur des élections de 2009, lui succède pour trois ans et meurt à son tour en 2012 des suites d’une maladie. En avril 2012, Mamadu Toure Kuruma s’empare des forces du pouvoir. Manuel Serifo Nhamadjo assure alors une période de transition qui va déboucher sur des élections en 2014. Ces dernières ont été gagnées par Jose Mario Vaz, victoire qui a redonné espoir au peuple bissau-guinéen de voir enfin s’accomplir les desseins d’Amilcar Cabral qu’il a décliné en ces termes :   

« La lutte contre nos propres faiblesses (…), quelles que soient les difficultés crées par l’ennemi, cette lutte contre nous-mêmes est la plus difficile, aussi bien au moment présent que dans l’avenir de nos peuples. » Amilcar Cabral lors de son discours « L’arme de la théorie », prononcé à la Conférence Tri-continentale de La Havane (Cuba) en 1966.

Minée par les problèmes liés au passage de la drogue sur son territoire, la Guinée-Bissau est en proie à une déstabilisation permanente. Laquelle déstabilisation est aussi provoquée par la modification constante de la Constitution bissau-guinéenne par les différents présidents. En effet, cela rend difficile la délimitation des pouvoirs, déjà compliquée du fait du caractère hybride de la Constitution. Elle est un mélange entre les systèmes parlementaire et présidentiel, car le président partage des pouvoirs avec son premier ministre. Ce dernier est choisi par le président au sein de la majorité parlementaire (qui n’est pas forcément de la même couleur que le président). Ainsi, le président est parfois obligé de cohabiter avec un premier ministre issu de l’opposition, provoquant alors une situation politique très complexe à l’origine des crises politiques.  C’est ainsi que le mandat présidentiel de Jose Mario Vaz a été rythmé par la nomination de huit premiers ministres, poussant ainsi la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à considérer que la Guinée-Bissau traversait une crise politique depuis 2015. L’élection présidentielle qui eut lieu à la fin de son mandat a été pour la CEDEAO l’espoir d’un début d’apaisement de la crise politique en Guinée-Bissau, causée selon cette organisation régionale par le tempérament fougueux de Jomav à l’égard de ses premiers ministres. Umaro Sissoco Embalo, soutenu par le président sortant, est le grand gagnant de cette élection organisée fin décembre 2019. Seulement, son élection ne fait pas l’unanimité au sein du pays car sa victoire n’a pas été validée par les institutions légitimes du pays (notamment la Cour suprême) mais seulement par la CEDEAO.  

Cette affaire suscite moult questions. Tout d’abord, la première qui s’impose est de savoir sur quelles bases la CEDEAO s’est-elle appuyée pour déclarer que la Guinée-Bissau a été en crise un an après l’élection de Jomav? La seconde est de se demander pourquoi la CEDEAO a confirmée l’élection d’Umaro Sissoco Embalo avant les institutions bissau-guinéennes, comme la Cour suprême ?

Pour répondre à ces questions, après avoir décrit brièvement le parcours politique de Jomav, cet article analysera les conflits entre le président Jomav et le PAIGC, ainsi que leurs conséquences sur la scène politique. Elles méritent effectivement d’être analysées pour retracer le processus d’accès au pouvoir d’Umaro Sissoco Embalo, un homme qui a pu tisser des liens très importants avec certains membres de la CEDEAO au cours de son parcours professionnel.

Un nouveau souffle dans la sphère politique bissau-guinéenne : Jose Mario Vaz

Jose Mario Vaz, grand vainqueur des élections présidentielles de 2014 est un économiste et homme politique. Il a été diplômé en économie à Lisbonne et a effectué un stage à l’Office of Economic Studies de la Banco de Portugal en 1982. C’est en 2004 qu’il commence sa carrière politique. Il est élu maire de Bissau jusqu’en 2009 puis nommé ministre des Finances par le président Malam Bacai Sagna. Évincé du pouvoir par le coup d’État de 2012, il devient alors membre du PAIGC, parti qui lui permet d’arriver au pouvoir et qu’il quitte par la suite pour créer le Parti indépendant. Il est le premier président de la Guinée-Bissau élu par le peuple qui a fini son mandat dans le temps imparti, c’est-à-dire en quatre ans.  En effet, à la suite de l’assassinat du leader politique bissau-guinéen Amilcar Cabral en 1973, c’est Luis Cabral, son demi-frère, qui est élu par le Conseil d’État. Jusque-là tout semblait aller dans le sens des aspirations de son demi-frère. Sa politique était tournée vers le social et l’écoute du peuple. Cet heureux chapitre a cependant été interrompu par le premier coup d’État de Nino Vieira. Ce dernier a mis en place une politique tournée vers l’économie libérale. Il prit ainsi une direction à l’opposé des aspirations du peuple et des desseins d’Amilcar Cabral. L’Histoire politique bissau-guinéenne a peu à peu sombré dans un gouffre de multiples putschs. Entre-temps, de nombreux membres du PAIGC ont pris part au narco-trafic sur le territoire Bissau Guinéen. Le PAIGC est à présent corrompu au plus profond de ses aspirations et a dénaturé ses objectifs. Il s’est fait l’allié de trafiquants de drogue venant d’Amérique du Sud, notamment de Colombie et de Cuba, faisant de la Guinée Bissau une des plaques tournantes du narcotrafic en Afrique de l’Ouest et la « hissant » au rang des pays les plus pauvres au monde. La Guinée-Bissau traverse donc une crise politique silencieuse qui n’avait jusqu’à lors pas été reconnue comme telle par la CEDEAO. L’élection du président Jose Mario Vaz constituait donc un grand pas en avant, dans la mesure où elle permettait à la Guinée-Bissau de renouer avec son héritage « cabraliste ».  

La Guinée-Bissau en proie à une crise politique : un problème d’ordre constitutionnel

C’est dans ce contexte économique et géopolitique que Jose Mario Vaz a mené sa présidence. Il a été élu sous les couleurs du PAIGC. Seulement, au fil du temps, les décisions de ses représentants firent presque oublier que le parti fut l’acteur principal de l’indépendance de la Guinée-Bissau, dans la mesure où elles ne correspondaient pas aux aspirations du peuple. Conscient de cette réalité, Jomav change de parti politique en 2015. Cette décision prise au cours de son mandat démontre une volonté de faire bouger les choses. L’appartenance au PAIGC apparaît donc comme le « ticket » pour accéder au pouvoir. Toutefois, ce changement de position n’est pas sans conséquences car Jomav perdit la majorité parlementaire. Il est ainsi obligé de choisir un premier ministre issu de son ancien parti, autrement dit, un opposant à sa politique. La Guinée-Bissau plongea alors dans une crise politique sans précédent. La CEDEAO a donc déclaré que la Guinée-Bissau traversait une crise politique depuis 2015. Effectivement, entre 2015 et décembre 2019, sept premiers ministres ont été révoqués par le président et huit ont été nommés. L’état de la Constitution est l’une des principales causes de ces huit cohabitations successives.

Un combat politique fructueux : la baisse du taux de chômage 

Leurs objectifs politiques étant incompatibles, Jomav a révoqué ses premiers ministres l’un après l’autre. Néanmoins, cette « crise politique » s’apparente plutôt à un premier pas vers la paix politique dans le pays. En effet, le Guinée Bissau ne peut se prétendre en paix si ses dirigeants bafouent toute la construction nationale par des pratiques houleuses qui appauvrissent sa population et empêchent sa croissance à tous les niveaux (absence d’une éducation publique de qualité, absence de bibliothèque gratuite, etc.). Le fait qu’il y ait un désaccord entre le PAIGC – parti politique fondateur de la Guinée Bissau – et le président du parti indépendantiste montre que le président n’a pas pris part aux détournements de fonds à des fins personnels. L’opposition entre Jomav et le PAIGC a eu des conséquences positives sur le pays dans la mesure où elle a pu empêcher pendant une courte période, les membres du PAIGC (impliqués dans le trafic de drogue et autres pratiques déstabilisant le pays) d’influer sur la politique du pays. Jose Mario Vaz avait comme lignes directives politiques l’abaissement du taux de pauvreté ainsi que la lutte contre le narcotrafic. Ce combat a donné quelques fruits car, sous sa présidence, les taux de chômage et de pollution ont baissé dans le pays. Effectivement, environ 5 personnes sur 100 au sein de la population active bissau-guinéenne étaient au chômage en 2013. Tandis qu’en 2017 elles ne sont plus que 4. Le taux de chômage n’a pas baissé d’une manière considérable mais il était depuis quelques années fixé à 4,5%.

Ces avancées n’ont toutefois pas changé la face économique de la Guinée Bissau qui demeure l’un des pays les plus pauvres au monde.

L’avènement d’un nouveau président : Umaro Sissoco Embalo

La CEDEAO a vu cette crise politique comme un problème personnel et non structurel. Cela peut s’expliquer par le fait que l’objectif de cette institution, dans ces circonstances, était avant tout de maintenir la paix au plus vite, tout en coordonnant les actions des 15 pays membres. Elle n’interfère cependant pas dans les affaires nationales de ses membres, préservant ainsi leur souveraineté. C’est pourtant bien l’illisibilité de la Constitution qui est l’une des causes majeures de cette crise politique.

La solution que la CEDEAO considérait comme la plus pertinente fut logiquement l’élection d’un nouveau président. Ce qu’elle a affirmé en ces termes :

 « L’engagement et le soutien de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) aux côtés de la Guinée-Bissau pour l’aider à résoudre la crise politique et institutionnelle que ce pays connaît depuis plusieurs années ont abouti à la mise en place du cycle électoral dont les élections présidentielles du 29 décembre 2019 devaient en être l’aboutissement. » 

Ce dernier devait être doté d’un caractère permettant de maintenir la stabilité politique. Or cette stabilité ne peut être qu’hypothétique, car le système à l’origine du narcotrafic et des détournements de fonds est entretenu par des membres du PAIGC. Certains d’entre eux ont créé d’autres partis politiques qui occupent aujourd’hui une place importante sur la scène politique bissau-guinéenne.

La solution à cette crise prit le nom d’Umaro Sissoco Embalo, l’actuel président de la Guinée Bissau. C’est un ancien militaire ayant travaillé en Libye aux côtés de Muammar Kadhafi, personnalité qu’il admire. Il dispose d’un réseau international important car il a été représentant en Afrique de l’Ouest d’un fond d’investissement libyen, la Libyan African Investment Compagny (Laico). Ancien général de brigade, il a de nombreuses connaissances dans la défense territoriale. Umaro Sissoco avait donc un avantage colossal sur son adversaire Domingos Simoes Pereira, anciennement secrétaire exécutif de la Communauté des pays de la langue portugaise (CPLP), qui n’a pas à notre connaissance, bénéficié d’un bon carnet d’adresses, parfois nécessaire à l’accession au pouvoir.

À peine arrivé au pouvoir, sa victoire a été contestée par son adversaire politique, Domingos Simoes Pereira, dit « DSP », qui s’est empressé de saisir la Cour suprême. La Cour suprême avait alors demandé à la Commission Nationale Électorale (CNE) de procéder à un nouveau comptage des voix du second tour. Au premier tour, DSP devançait Umaro Sissoco Embalo avec 40,13% des voix. La CEDEAO a alors pris position sur ce litige, en déclarant :

« La Commission note aussi que les incompréhensions d’une part, entre le CNE et la Cour Suprême et d’autre part, au sein de la Cour Suprême n’ont pas permis de régler ce contentieux électoral qui dure depuis bientôt quatre mois. Face à la persistance de ce blocage et après analyse approfondie de la situation politique du pays, les Chefs d’États et de Gouvernement de la CEDEAO ont décidé de reconnaître la victoire de Monsieur Sissoco EMBALO au deuxième tour des élections présidentielles du 29 décembre 2019 de la Guinée-Bissau. » 

La CEDEAO a légitimé la présidence d’Umaro Sissoco Embalo en avril 2020, après que celui-ci s’est investi seul dans un hôtel de luxe. Il s’est donc auto-proclamé vainqueur alors que les résultats de l’élection présidentielle étaient discutés au niveau de la Cour suprême et de la CNE. Contesté au sein de son pays, il a été soutenu par d’autres présidents, notamment par Macky Sall et Denis Sassou Nguesso, respectivement président du Sénégal et président du Congo Brazzaville.

Umaro Sissoco Embalo se présente pourtant comme un unificateur. Cet argument qu’il a utilisé contre son adversaire, il le doit à ses origines diverses – Mali, Guinée, Guinée-Bissau, Burkina Faso – et au fait qu’en tant que musulman, il soit marié à une chrétienne. Ses projets politiques sont ambitieux. En effet, il veut que la Guinée-Bissau ne soit plus un narco-État et souhaite modifier la Constitution. Il s’attaque aux problèmes récurrents qui touchent la Guinée-Bissau. Pour ce qui est de la Constitution, la mise en œuvre de ce projet est en cours.  Ce projet a été fortement sollicité par la CEDEAO soulignant :

« La nécessité d’engager immédiatement la réforme relative à une nouvelle Constitution qui sera soumise à un référendum dans six mois afin d’assurer la stabilité du pays. » 

En revanche, le narcotrafic est un système bien plus complexe à traiter, dans la mesure où certains de ces acteurs sont membres du parti traditionnel (PAIGC). Umaro Sissoco Embalo tout comme Jose Mario Vaz s’est détaché du PAIGC. Ce qui est sans aucun doute l’une des raisons principales pour laquelle Jose Mario Vaz a soutenu Umaro Sissoco Embalo. 

Peut-on ainsi voir les prémices du déclin de ce parti politique et par conséquent un réel apaisement politique ? Cela fait maintenant dix mois que le président Umaro Sissoko a pris ses fonctions, et il fait déjà parler de lui. En effet, ces premiers mois ont été marqués d’une part par une assez bonne gestion de la crise sanitaire, avec 2403 cas, 41 décès et 1782 guérisons. D’autre part, ce président veut se distinguer des autres présidents de la CEDEAO par son franc parlé. Par exemple, il n’a pas hésité à régler ses comptes ouvertement avec Alpha Condé, le président de la Guinée-Conakry. De fait, suite à la décision unilatérale de la Guinée Conakry de fermer ses frontières avec la Guinée-Bissau, la Sierra Leone et le Sénégal, le président bissau-guinéen s’est exprimé : 

« Nous, nous ne fermerons jamais nos frontières avec la Guinée. Nous ignorons le motif d’une telle décision. De notre côté, sachez qu’il n’y a aucune menace contre son pays. Nous ne sommes pas des pays voyous ou des États qui hébergent des bandits pour déstabiliser un autre État. Nous déplorons une telle décision de sa part. Le différend entre Alpha Condé et moi est un problème mineur si on le compare avec les intérêts supérieurs de nos deux États. Le président Alpha peut avoir ses raisons que moi j’ignore. Ce que je pus vous assurer c’est que nos deux pays continueront d’être de bons voisins et bons amis »

Ce franc parlé s’est auparavant traduit en actes, notamment lors de la fête nationale à laquelle le président a soigneusement choisi ses cinq invités, le président Alpha Condé n’y figurant naturellement pas. Il a ainsi convié à la célébration du 47ème anniversaire de l’indépendance de la Guinée-Bissau (24 septembre 1973) les présidents du Libéria (Georges Weah), de la Mauritanie (Mohamed Ould Ghazouani), du Nigéria (Muhammadu Buhari), du Sénégal (Macky Sall) et du Burkina Faso (Roch Marc Christian Kaboré). Enfin, la Guinée-Bissau a récemment réitéré son soutien à la marocanité du Sahara. 

Article rédigé par Patricia Sylva.


Sources

Organisation régionale composée de 15 pays de l’Afrique de l’Ouest dont la Guinée-Bissau, le Bénin, le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Mali, le Niger, le Nigeria, la Sierra Leone, le Togo.

« Bissau : le président Embalo en quête de légitimité », voaafrique.fr

« Guinée-Bissau : Umaro Sissoco Embalo initie la révision de la Constitution », Jeune Afrique par Marième Soumaré

https://www.ecowas.int/communique-de-la-cedeao-sur-la-guinee-bissau-du-22-avril-2020/?lang=fr

Guinée-Bissau – Taux de chômage, Trading Economics

« Guinée-Bissau : la Cedeao reconnaît la victoire d’Umaro Sissoco Embalo à la présidentielle », Jeune Afrique avec AFP

Guinée-Bissau : les soutiens africains d’Umaro Sissoco Embaló

 Guinée-Bissau : narco-Etat ?

« Umaro Sissoco Embalo, l’ovni de Bissau », Jeune Afrique

« Guinée-Bissau : Umaro Sissoco Embalo initie la révision de la Constitution », Jeune Afrique par Marième Soumaré

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