En attendant d’en connaitre l’issue, les événements d’hier survenus au Mali ont l’avantage de faire se rediriger l’attention de l’opinion publique africaine vers le continent africain et les enjeux politiques qui – en ce qui concerne l’Afrique – se joue à chaque seconde. Une opinion publique africaine qui se laisse trop facilement embarquer dans le divertissement dangereux des matchs de football comme les deux derniers (Bayern-Barcelone, PSG, etc).
Alors qu’en l’espace d’une semaine (du 11 au 17 août), il était question de s’interroger sur les 60 ans des indépendances de pas moins de 4 pays d’Afrique centrale (Tchad, Centrafrique, Congo, Gabon), les esprits étaient plutôt gagnés par la fièvre covido-footballistique que la tyrannie du monde du spectacle leur fait subir à travers les Messi, Müller, Di Maria, Neymar et Mbappe, etc.
Les matchs de football qui sont dignes d’intérêt ce sont ceux à l’instar de celui qui se déroule depuis hier entre une manifestante malienne, le président démissionnaire et Dieu lui-même comme arbitre. En effet, selon cette malienne, qui applaudissait comme le reste de la foule les militaires, le président démissionnaire a été « maudit par le bon Dieu », raison pour laquelle son sort ne pouvait pas être autre chose que sa capture manu militari. Tandis que monsieur I.B. Keita, lui, dans son discours de démission, invoque le même Dieu aux mains de qui il remet le sort du Mali et de son peuple. Il y a lieu de se demander qui écouter et à laquelle des invocations, de la manifestante malienne ou du président démissionnaire, Dieu lui-même voudrait prêter oreille ? Mais ce qui est sûr c’est qu’il est facile de remettre le sort d’un pays entre les mains de Dieu, quand l’action politique pendant près de 10 ans n’a semble-t-il servi qu’à priver ce pays même de ses propres mains.
Ce qui est certain aussi c’est que l’issue (par rapport aux destinées du peuple africain du Mali et à la souveraineté de ce grand pays) de la démission de l’ancien président I.B.Keita, on ne peut que très difficilement l’envisager à ce jour. Ce qui est certain enfin également c’est que le départ de monsieur I.B. Keita peut être apprécié comme le début d’une réparation symbolique de l’attitude injurieuse et gravement déshonorante, du gouvernement dont il était le patron, vis-à-vis de feu Adama Traore et de sa famille – quand en 2016*, pour ne pas froisser les jupes de Marianne, ce gouvernement avait prononcé un reniement public et international de la nationalité du regretté Adama.
Edito redigé par Job Ikama.