Point sur la République du Congo (Congo Brazzaville) : le raidissement politique derrière la crise sanitaire du COVID-19

En République du Congo, la veille des élections a toujours été une période sujette aux tensions et aux arrestations dénoncées comme arbitraires par diverses associations issues de la société civile. Ainsi, à la crise sanitaire mondiale s’ajoute une crise structurelle de passation de pouvoir voire de fin de cycle.

La crise sanitaire, dernière touche d’une crise généralisée au Congo Brazzaville

En effet au lendemain de l’élection présidentielle en 2016, certaines arrestations ont été observées à Brazzaville : opposants politiques, journalistes et défenseurs des libertés fondamentales et droits de l’Homme. De Socrate à Platon et de Platon à Kant, les philosophies politiques sur la « cité » ont été basées sur une « cité idéale ». Cité dans laquelle les valeurs seront promues, les compétences mises au service de la cité et l’émancipation des élites. Dans ce même contexte leur combat a été une dialectique entre la République et l’oligarchie. Ainsi l’on peut dire que l’idéal républicain n’est qu’un vœu pieux au Congo Brazzaville, surtout depuis la guerre civile de 1997 symbolisant le début du régime actuel par un coup d’Etat.

Face à la pandémie mondiale du Covid-19 illustre d’autres facettes de la mal gouvernance, et des manquements au respect des droits humains. En effet, la situation des détenus, délinquants comme victimes d’arrestation arbitraires inquiète la population, les ONG comme Amnesty international, ainsi que les familles des différents détenus à la maison d’arrêt.
Rappelons que cette zone de détention est fréquentée par des gendarmes et policiers qui font des rotations, dans un contexte dangereux au regard des lacunes du gouvernement sur la gestion de la crise pandémique et des conditions sanitaires fragiles du pays . Des mesures d’urgence ont été prises pour diminuer les risques de contamination dans le milieu carcéral (où croupissent des détenus politiques) dans le monde comme en Afrique. Par exemple, l’Ethiopie qui vient de libérer 4000 prisonniers pour les protéger contre le covid-19. C. Sur l’antenne de France 24 le 06/05/2020, le président Denis SASSOU NGUESSO annonce que lui et le gouvernement ont relâché près de 365 détenus ; sans preuves administratives et juridiques, il y a de quoi être dubitatif et sceptique face à ce flou.
En effet, depuis plusieurs mois, un raidissement autoritaire est observable accompagnant une détérioration du climat sécuritaire. En décembre 2019, à la veille de Noel, plusieurs jeunes activistes défenseurs des droits de l’Homme de l’association « Mouvement ras-le-bol » et « Incarner l’espoir » ont été mis aux arrêts. Le 22 décembre 2019, le jeune nommé Céleste LEMVO MAKELA membre de la société civile a été arrêté arbitrairement dans la capitale économique Pointe-Noire, puis conduit dans des locaux de la direction départementale de la surveillance territoriale où il subit des tortures injuste et inhumaine dans une pénombre insupportable, afin de le réduire au silence absolu avant d’être transféré à la maison d’arrêt de Brazzaville. Dans la même période de ce mois, s’en est suivi une arrestation collective de quatre (04) autres jeunes activistes pour le même mobile, les réduire au silence, à cause de leur défense des libertés fondamentales hostiles à certains membres du pouvoir de Brazzaville qui se prépare à une énième mascarade électorale dans des conditions sociopolitique et économique chaotique, critique. Grace aux différentes déclarations manifestes, faites par les associations de défense des droits de l’Homme nationales et internationales, un seul a été libéré, en l’occurrence Céleste LEMVO MAKELA, d’autres continuent à croupir.

Les causes profondes des tensions

Entre les tensions internes liées à la famille régnante et le parti au pouvoir PCT, opposant le fils du Président Dénis SASSOU NGUESSO nommé Dénis Christel SASSOU NGUESSO potentiel successeur désigné par son père comme il l’a implicitement annoncé sur l’antenne de France 24 en parlant de « légende »et un autre proche du Président en l’occurrence Jean Dominique OKEMBA, neveu et « Vice-Président du Congo » officieusement ; force est de constater que cette fracture du clan, met le Président Dénis SASSOU NGUESSO dans une posture délicate visant à tout bloquer et contrôler.
La pression de la Diaspora congolaise présente majoritairement en France, provoque en réaction l’empêchement de toute manifestation des associations de la société civile de défense les droits de l’homme et des opposants politiques. Comme en témoignent les dernières activités du mouvement ras-le-bol sur la dénonciation des abus des autorités politico-administratives face à une situation sociale précaire. Face à cet obscurantisme, le 1er février 2020, la plateforme des Organisations de la Société civile pour le respect des droits de l’Homme et de la Démocratie, très préoccupée par ces arrestations arbitraires et injustes, s’est retrouvée autour d’une déclaration conjointe afin de demander au gouvernement de Brazzaville de libérer ces cinq (05) jeunes activistes en saisissant l’audience de l’opinion nationale et internationale face aux dérapages et abus du pouvoir de Brazzaville ; visant à freiner la Démocratie. Car, les chefs d’accusation portés sur ces jeunes, incitation à l’ordre public et appartenance à un parti politique sont tous paradoxalement incompréhensibles et absurdes. Le Secrétariat d’Etat américain, dans son dernier rapport s’est inquiété du danger encouru par les détenus politiques et d’opinions étant à la maison d’arrêt face au covid-19.
Depuis le début du printemps de mars 2020, au Congo Brazzaville, un état de siège officieusement a été constaté avec le déploiement de la force publique et de la Garde Républicaine sur le territoire congolais, précisément dans les départements du Pool, Bouenza,Niari, Lékoumou et Kouilou-Pointe Noire, autrement la partie sud du Congo pour des fins jusque-là non justifiées. Entre tensions d’un potentiel coup d’Etat et passage de témoin au fils à la tête du pays, un climat d’instabilité s’est installé depuis cette période au Congo. Les deux grandes capitales, ont été bouleversées avec un couvre-feu instauré illégalement à cette période. Dans la même période le Secrétaire Général du Conseil National de Sécurité Jean Dominique OKEMBA, s’est rendu dans la ville natale du Président SASSOU NGUESSO nommé « Oyo », lors d’une descente partisane, tribale et clanique en tenant des propos sur le prétendu coup d’Etat contre son oncle SASSOU NGUESSO. Propos dans lesquels il parle de ce fameux coup d’Etat dont il n’est point l’auteur et n’en sait rien de loin comme de près se justifie t’il. Mais, étant un des piliers de l’œuvre du pouvoir de Brazzaville, il faille d’abord en découdre avec lui avant d’atteindre son oncle. Car, il est le principal défenseur et protecteur de ce pouvoir au regard de la position seconde qu’il occupe auprès de ce dernier, continue t’il. Ayant favorisé l’accession au gouvernement de plusieurs ministres et les promotions de plusieurs hauts officiers jusqu’au grade de Général qui, de ce fait il constitue à priori une force incontournable et indispensable, poursuivit-il.
Ces déclarations, nous ont permis de savoir et comprendre qu’en effet un coup d’Etat planait dans l’air au Congo. Ce qui justifiait l’état de siège militaire et les décisions martiales prises par le gouvernement. Plus tard, au mois d’avril certaines vidéos ont circulé sur la place publique, dans lesquelles on a vu un officier congolais en pleine stigmatisation tribale et tenant des propos de propagande de guerre devant des centaines de personnes dans un quartier de Brazzaville sud nommé « Makélékélé », l’un des quartiers sensibles qualifiés par le pouvoir de Brazzaville hostile à leur gestion. Ce quartier comme les autres de cette partie sud de la capitale, font toujours l’objet de stigmatisation, discrimination, répression tribales jusqu’à toujours créer des hold-up d’émeutes militaires visant à terroriser les habitants de ces zones, comme ceux du département du Pool pour les pousser à une migration et l’isolement.
Les propos de propagande de guerre tenus par cet officier, ancien commissaire de Police, s’inscrivent dans le cadre d’une manipulation politique dont l’objet est de justifier une autre possible attaque militaire dans le Pool, les opposant à des éléments de l’ancien rebelle Fréderic BINTSAMOU alias Pasteur NTOUMI, bénéficiant depuis 2018, d’une grâce présidentielle, issue de l’accord signée en décembre 2017 entre le gouvernement et ce dernier représenté par Gustave NTONDO. Ces méthodes sont bien connues, son procédé intervient toujours à la veille des élections présidentielles. Notons que la classe politique congolaise est animée depuis quatre décennies par des divisions ethnique et tribale, les guerres ethniques ont déjà eu lieu dans ce pays au profit des dirigeants, ce fut aussi le cas pendant l’ancien régime de Pascal LISSOUBA. Cette forte dominance de l’égo ethno-tribal est récurent dans le fonctionnement de la cité politique congolaise, certains partis politiques même au sein de l’opposition politique fondent leur idéologie sur des bases ethno-tribales ce qui est bien dommage et triste. Ce qui fait que chaque dirigeant s’en sert afin de mettre en avant cette politique qui a toujours divisée, mettant en place une guerre ethnique et tribal, en manipulant la classe politique dans son jeu jusqu’à favoriser les associations et partis politiques à doctrines tribales. Ce genre d’action, n’est pas nouveau au Congo, des événements passés comme la guerre civile de 1998 qui a bloqué le département du Pool pendant près de dix ans en témoigne, il y a quatre ans le 04 avril 2016, suite aux élections controversées, le gouvernement de Brazzaville avait encore mis en action un scénario à l’identique de l’époque de Lénine. Ce scénario avait pour but de faire passer son candidat par la proclamation des résultats dans la nuit autour de 02h du matin. En y fomentant une attaque armée d’une milice du rebelle Frédéric BINTSAMOU alias Pasteur NTOUMI alimentée par les membres du pouvoir à l’accoutumée.
Alors, force est de constater que ces méthodes tristement connues par la population longtemps stigmatisée, opprimée, abusée bloquent le pouvoir dans ses agissements. Ce qui aujourd’hui semble se répéter avec le déploiement de la force publique dans le département du Pool. Ayant profité de la situation sanitaire mondiale et après avoir décrété l’état d’urgence sanitaire qui est légale et acceptée pour faire face à ce virus dans la gestion des urgences ; il a décrété le 30 mai 2020, un état de siège cette fois-ci. Au regard du nombre de cas observés jusqu’à lors le Congo en compte 274 cas, dont 10décès et 33 guéris officiellement. Aucune possibilité juridique justifie ou légalise cet état de siège décrété sauf des raisons politiques. Une suite logique atteste qu’un double jeu se joue actuellement. Suite à la position indispensable, qu’occupe son neveu patron de la sécurité et vice-Président ainsi que leurs liens obscurs réciproques, une tentative de coup d’Etat envers son oncle demeure ambiguë. Ce qui peut amener à croire qu’il s’agit plutôt d’un faux-vrai coup d’Etat organisé par les deux complices, l’oncle Président et son neveu, dans le but de mettre le pays dans une situation délétère afin de terroriser de nouveau la population et la classe politique, hostiles aux positions de guerre afin de nouveau créer un rapport de force de guerre en leur faveur, pour faire passer le projet de maintien du Président SASSOU NGUESSO au pouvoir en 2021.
Le gouvernement a souvent été pointé du doigt par divers mouvements de la société civile et de l’opposition de désinformer au sujet de la situation sécuritaire afin d’intimider (destructions des habitations, viols dans les villages) pour s’imposer sans limites. Telle est la servitude que l’on fait vivre à un peuple, le pavé mosaïque ne s’applique point dans cette société qui peine à retrouver un équilibre social, replongée dans la jungle, la barbarie que Jean-Jacques ROUSSEAU a combattue. Il lui faut un nouveau contrat social. La tenue des élections électorales crédibles, libres et transparentes visant à aboutir à une alternance démocratique et politique.
Plusieurs indices concordants, témoignent du fait que ces agissements donnent une responsabilité à ce gouvernement parallèlement aux obstacles qu’il représente sur le non-retour de la Démocratie et des droits de l’Homme dans cette société. Les causes électorales et post-électorales, pèsent aujourd’hui sur toute la société et mettent en danger l’équilibre, socioéconomique et financier du pays, d’où la solution ne peut qu’être politique. Au regard de ce qui précède, les inquiétudes demeurent et nous continuerons à porter nos analyses et réflexions afin qu’une solution pérenne et responsable soit trouvée pour la République du Congo.

Bel VANGOU

Un avis sur « Point sur la République du Congo (Congo Brazzaville) : le raidissement politique derrière la crise sanitaire du COVID-19 »

  1. Du gros n’importe quoi ! Tout ce cirque vise à distraire les populations pour mieux tripatouiller et piller les ressources. Comment imaginer importer un remède dont la pertinence n’a pas été prouvée scientifiquement. Semble t-il au nom d’une soit disant unité africaine. Pathétique !

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