L’Afrique subsaharienne a connu pendant les deux dernières décennies une croissance économique certaine. Elle a par exemple été en moyenne de 5% entre les années 2000 et 2015 selon la Banque mondiale. En plus de cette croissance, il est à noter que la jeunesse africaine actuelle est plus instruite qu’elle ne l’a jamais été.
Force est cependant de constater que malgré cette évolution de la croissance et du niveau d’éducation, les indices de chômage en Afrique subsaharienne demeurent inquiétants (7,2% de chômage en 2017 selon l’Organisation Internationale du Travail). En effet, les chiffres de croissance en Afrique subsaharienne sont plus liés à une rente pétrolière et minière qu’à une réelle activité industrielle de transformation des matières premières en produits à forte valeur ajoutée. Le chômage reste donc le lot des africains, et notamment des jeunes étant donné que la jeunesse est la fraction la plus importante de la population africaine.
Il s’agira ici de présenter les spécificités du chômage en Afrique subsaharienne et la réponse des Etats africains à ce phénomène. Nous terminerons par une illustration sur un cas concret : le Cameroun.
Définitions
Chômage:
Selon l’OIT, le chômage désigne la situation de personnes sans emploi, mais disponibles et à la recherche d’un emploi.
Sous-emploi
Le chômage doit être distingué du sous-emploi qui correspond à la situation de travailleurs dont les heures d’emploi sont insuffisantes par rapport à un emploi alternatif qu’ils seraient disposés à assumer. Les sous-employés ont donc un emploi mais ils pourraient potentiellement être plus productifs.
Secteur informel
Le secteur informel renvoie aux activités productrices de biens ou de services, souvent individuelles avec de faibles revenus, échappant à la régulation par l’Etat. Ces activités sont en général menées sans sécurité professionnelle ni protection sociale.
PFR/PRI/PRE
Par la suite, nous ferons usage de la classification de la banque mondiale afin de hiérarchiser les économies des pays auxquels nous nous intéresseront en fonction du revenu.
Le classement de la banque mondiale distingue 3 catégories de pays selon le Revenu National Brut par habitant : Les Pays à Faible Revenu (PFR), les Pays à Revenu Intermédiaire (PRI) et les Pays à Revenu Elevé (PRE). Les PFR sont définis par un RNB par habitant inférieur à 1 025 dollars. Les PRI sont définis par un RNB par habitant entre 1 026 et 12 475 dollars ; tandis que les PRE sont définis par un RNB par habitant supérieur à 12 476 dollars.
Etat des lieux de l’emploi et du chômage en Afrique subsaharienne
L’analyse des spécificités de l’emploi et du chômage africain permettent d’éclairer les politiques de l’emploi mises en place par les pouvoirs publics africains.
Etat des lieux de l’emploi
D’un point de vue global les emplois salariés en Afrique subsaharienne représentent environ 16% de la totalité des emplois. Dans cette fraction le secteur industriel ne représente que 20% des emplois, ce qui correspond à environ 3% du total des emplois. Le reste des emplois est constitué par les exploitations agricoles familiales (environ 62%) et par le secteur informel (environ 22%).
Les PRI (Afrique australe essentiellement) sont caractérisés par une proportion élevée de main d’œuvre employée par le secteur formel, public et privé. Les PFR en revanche (Afrique de l’Est, Centrale et de l’Ouest) sont caractérisés par une prédominance du secteur informel. Les PRI présentent également la particularité d’avoir un secteur des services développé, là où les PFR sont plus portés vers l’agriculture.
Figure 1: Structure de l’emploi selon le type de pays
L’Afrique subsaharienne est caractérisée par la quantité élevée des emplois précaires : beaucoup d’heures de travail pour defaibles revenus et peu de sécurité. Elle se caractérise également par une forte participation des jeunes (15 – 24 ans)au taux de chômage global ; le taux de chômage des jeunes atteignant souvent le double de celui des adultes. Beaucoup de jeunes diplômés peinent à trouver un emploi correspondant à leur niveau de formation et se rabattent sur des emplois précaires. Le chômage et les emplois précaires sévissent énormément dans les centres urbains tandis que le monde rural est marqué par le sous-emploi à cause du caractère saisonnier des activités agricoles.
Chômage par type de pays
Le chômage en Afrique subsaharienne varie selon que l’on se trouve dans un PFR ou dans un PRI. Les pays présentant lestaux de chômage les plus élevés sont situés dans les PRI d’Afrique australe (exception faite du Congo). Les PRI d’Afrique australe regorgent de travailleurs peu qualifiés cantonnés à l’intérim ou au travail sans contrat.
En revanche, les PFR d’Afrique de l’Est, Centrale et de l’Ouest sont caractérisés par un secteur informel important. Il est à noter que les chiffres officiels sur le chômage en Afrique sont biaisés. En effet, ils ne prennent pas en compte les activités informelles et le sous-emploi. Le statut réel du chômage est donc pire que le statut officiel.
(Source : Trading Economics)
Origines du chômage
Origines démographiques
La population africaine a augmenté en cumulé de 354% entre les années 1950 et 2010 (Division de la population des Nations Unies). Cette explosion démographique est due à la fois à une forte fécondité et à l’amélioration des conditions de vie avec les techniques et connaissances modernes qui a fait reculer la mortalité et notamment la mortalité infantile. A titre illustratif, les dix pays avec les taux de fécondité les plus élevés en 2013 étaient tous en Afrique.
Figure 3: Evolution de la population africaine entre 1950 et 2010
Cette explosion démographique est problématique pour l’emploi dans la mesure où les économies africaines se développent plus lentement que la population. Elles ne sont donc pas en mesure d’absorber ce choc, ce qui conduit à l’arrivée chaque année de millions de nouveaux individus sur le marché du travail pour lesquels il n’existe pas de perspectives d’emploi.
Education et formation
Il existe dans la plupart des pays africains des manques dans l’infrastructure du système éducatif (déficit d’écoles, d’enseignants, de matériel…). Malgré les efforts réalisés par les Etats africains depuis la fin des indépendances, ces manques perdurent. La création d’écoles primaires, secondaires et supérieures ne parvient pas à suivre la croissance démographique.
Par ailleurs, Il y’a dans les pays africains un hiatus entre les compétences acquises par les jeunes par leur éducation/formation et les besoins du marché du travail. En effet, dans bon nombre de pays d’Afrique subsaharienne les contenus des formations secondaires et universitaires sont décalés des besoins pratiques du monde du travail.
Origines politico-économiques
Au niveau politique, l’une des raisons expliquant des taux de chômage élevé en Afrique subsaharienne est le manque d’infrastructures (transports, énergie, TIC…). Un cadre urbain construit de manière intelligente couplé à de bonnes infrastructures serait très favorables aux activités économiques, qu’elles soient formelles ou informelles. Malheureusement on observe que le niveau d’investissement dans les infrastructures est plus faible en Afrique qu’il ne l’est dans les autres régions en développement du monde (Banque mondiale, 2010b).
En plus de ce manque d’infrastructures, il faut mentionner le climat financier qui est un frein certain à l’entrepreneuriat. En effet, les taux pratiqués sur les crédits en Afrique subsaharienne sont exceptionnellement hauts : Ils varient entre 7% et 11% (Le Monde Afrique) là où les taux sont de l’ordre de 1% dans les pays développés à l’heure actuelle. Ceci est dû au manque de confiance des banques vis-à-vis des emprunteurs et de la quasi-absence de traçabilité qui permettrait aux banques d’avoir la garantie de recouvrer leurs fonds.
Il faut ajouter à cela la faible productivité du secteur agricole africain. En effet, bien que l’agriculture représente l’activité principale des PFR d’Afrique subsaharienne, celle-ci est largement sous-productive par rapport à son potentiel. Cette sous-productivité est due à des problèmes techniques tels que le manque de mécanisation, le manque d’irrigation, les problèmes de transport, d’électricité…
Par ailleurs, les politiques africaines en matière d’emploi sous-estiment le potentiel du secteur informel. Il représente une part très importante des emplois en Afrique subsaharienne. Il est estimé que 30 à 50% des ménages ruraux africains possèdent une ‘entreprise individuelle’ informelle. Ces ménages tirent généralement de ces entreprises individuelles plus de revenus qu’elles ne pourraient en tirer d’une activité agricole. Parfois même ces revenus sont supérieurs à ceux du salariat. Le secteur informel joue déjà un rôle très important dans l’emploi en Afrique subsaharienne et pourrait jouer un rôle plus grand encore s’il était pensé stratégiquement et encadré par les gouvernements.
Aspects historico-culturels
Au moment des indépendances, la plupart des pays africains ont favorisé la formation de cadres qui étaient destinés à prendre en charge les affaires nationales après le départ de l’administration coloniale. Ainsi l’Etat a été pendant plusieurs années l’employeur principal en fournissant des emplois dans la fonction publique. Le prolongement de cette situation dans le temps a créé un conditionnement qui pousse les individus à privilégier les emplois publics aux emplois privés. Malheureusement, de nos jours la fonction publique est saturée et n’est pas capable à elle seule d’absorber toute la demande d’emploi.
Par ailleurs, il y a indéniablement en Afrique subsaharienne une perception négative des Emplois techniques/manuels qui accentue cette situation en poussant les individus à rechercher en priorité des emplois qui requièrent des diplômes universitaires.
Solutions apportées par les Etats africains
Les politiques de l’emploi dans les pays d’Afrique subsaharienne ont connu des tendances diverses depuis la fin des indépendances.
Politiques de l’emploi au sortir des indépendances
Au sortir des indépendances des années 1960, l’activité économique principale des pays africains est l’agriculture. A l’époque ce secteur représente le premier pourvoyeur d’emploi et à côté de lui vont se développer de manière massive des emplois publics. En effet cette période est une période de transition du point de vue administratif. Les responsables issus de la métropole coloniale sont progressivement substitués par des responsables locaux, africains. La politique de l’emploi à cette période consiste par conséquent dans la réalisation de cette transition à travers la formation d’élites locales. Au niveau des infrastructures, cette transformation va se matérialiser par la création de nouvelles institutions (écoles de formation, entreprises publiques) et par la restructuration des institutions préexistantes.
Politiques de l’emploi au début des années 1980
Les politiques de l’emploi du lendemain des indépendances vont montrer leurs limites au début des années 1980 avec la crise des matières premières qui voit les demandes de matières premières par les pays industrialisés se réduire considérablement. Cette situation va profondément perturber les économies africaines et va conduire à un désengagement progressif de l’Etat sur la scène économique en faveur du privé. On va donc assister aux premières privatisations d’entreprises publiques et la naissance d’entreprises parapubliques.
Par ailleurs, on va voir naître les premiers Programmes d’Ajustement Structurels (PAS). Ces programmes sont mis en place par le FMI en collaboration avec les pouvoirs publics africains dans le but de sortir de la crise, en échange d’une certaine libéralisation. Dans le cadre des PAS les services publics des Etats africains vont connaître des réductions d’effectifs, des réductions de salaires et des privatisations. Cette situation va générer une précarisation de l’emploi public, une augmentation du chômage et un foisonnement d’activités informelles.
Politiques de l’emploi au début des années 2000
Le désengagement de l’Etat de la scène économique n’ayant pas eu les effets escomptés sur la croissance et sur l’emploi, les Etats africains vont décider de se réengager sur le marché du travail, mais cette fois dans l’optique de le dynamiser. C’est de cette manière que vont se développer les Services Publics de l’Emploi (SPE). Les SPE sont un instrument de l’Etat dont le rôle est de :
Les SPE ne sont donc pas un simple médiateur, mais sont dotés d’outils et de programmes qui agissent directement sur le marché du travail et dont la finalité est la formation et la stimulation de l’entrepreneuriat et de l’embauche.
La majeure partie des programmes mis en place par les SPE sont des Programmes Actifs en faveur du Développement du Marché du Travail (PADMT). Il s’agit de programmes dans le cadre desquels les bénéficiaires s’engagent à chercher du travail en échange de facilitations de la part de l’Etat. Ils peuvent être distingués selon qu’ils agissent sur l’offre d’emploi (politiques de création d’emploi) ou sur la demande d’emploi (qualité de la main d’œuvre, compétences…).
Exemple du Cameroun
Le chômage au Cameroun
Le Cameroun est un PFR d’Afrique centrale qui compte 24 millions d’habitants avec un PIB de 38 milliards de dollars(2019) et un taux de croissance de 4.2% en 2019. L’activité économique se caractérise par une prédominance de l’agriculture et une forte composante informelle. En effet le secteur informel concentre 90% de la totalité des emplois,dont 37% dans des activités non agricoles et 53% dans des activités agricoles. Le taux de chômage officiel est de 3.4% (2018). Le sous-emploi touche à peu près 75% des actifs occupés. Les jeunes entre 25 et 30 ans sont les plus touchés par le chômage.
La politique de l’emploi au Cameroun
La politique de l’emploi au Cameroun est élaborée par le Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (MINEFOP). Le MINEFOP est assisté dans l’élaboration de cette politique par un certain nombre d’organismes, publiques ou non, dont le principal est le Fonds National de l’Emploi (FNE) qui est un SPE. Le FNE a pour rôle de promouvoir l’emploi à travers la médiation entre employeurs et chercheurs d’emploi, le financement de formations d’initiatives entrepreneuriales.
Le gouvernement camerounais élaboré en 2003 le premier Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP). Ce document définit la démarche à suivre afin d’atteindre les objectifs de développement à long terme, et notamment l’émergence à l’horizon 2035. Il prévoit de faire collaborer les services publics, la société civile, les opérateur économiques et les partenaires au développement. Sur le plan de l’emploi, le DSRP prévoit d’accroître l’emploi en agissant sur trois principaux axes : l’accroissement de l’offre d’emplois, la mise en adéquation de la demande d’emploi par rapport à l’offre et l’amélioration de l’efficacité du marché.
L’accroissement de l’offre d’emploi a pour objectif de réduire le chômage et le sous -emploi. Elle se fait par :
La mise en adéquation de la demande d’emplois a pour objectif le développement d’une main d’œuvre qualifiée et dont les compétences correspondent aux besoins du marché. Elle se fait par l’augmentation et la diversification des formations et en favorisant l’accès des populations les plus enclavées et les plus défavorisées auxdites formations.
L’amélioration de l’efficacité du marché de l’emploi quant à elle vise à favoriser l’insertion professionnelle du plus grand nombre de demandeurs d’emploi sur le marché. Cela se fait à travers des actions sur la demande et sur l’offre d’emploi. Du point de vue de la demande, il s’agit d’accompagner les demandeurs dans la définition de leur projet professionnel. Cela est facilité par la décentralisation des agences de l’emploi. Du point de vue de l’offre, il s’agit d’aider les entreprises à formuler de manière précise leurs besoins afin de mettre en place des circuits formels d’emploi.
Ci-dessous nous présentons un certain nombre de programmes spécifiques de type PADMT mis en place dans le cadre de la politique de l’emploi camerounaise.
Programmes agissant sur la demande d’emploi
EFTP
L’EFTP (Enseignement et Formation Techniques et Professionnels) représente un pilier de la politique pour l’emploi au Cameroun. Son objectif est de constituer une main d’œuvre qualifiée et adaptée aux besoins du marché de l’emploi en vue de son insertion professionnelle. Il prévoit la collaboration du gouvernement avec des partenaires privés et la société civile en vue de développer des programmes et des formations pertinentes dans des secteurs stratégiques.
PIAASI
Le PIAASI (Programme Intégré d’Appui aux Acteurs du Secteur Informel) a été mis en place en 2005 par le Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle a pour objectif d’améliorer la productivité du secteur informel à travers des programmes et formation adaptés et l’aide au financement des initiatives d’entreprises individuelles. Il ambitionne de faire muter progressivement des initiatives issues du secteur informel vers le secteur formel.
PED
Le PED (Programme d’Emploi pour les Diplômés) est un programme de stages pré-emploi ayant pour objectif l’insertion professionnelle de jeunes diplômés sans emploi. Il s’agit d’un programme qui a été mis en place par le FNE (Fonds National de l’Emploi) en 1993 et qui est basé sur une prise en charge à 50/50 par le FNE et par l’entreprise des indemnités versées au stagiaire. Le stagiaire bénéficie alors d’une expérience professionnelle d’un an qui a de fortes chances de déboucher sur un emploi. L’entreprise quant à elle bénéficie d’une ressource à moindre coût.
Programmes agissant sur l’offre d’emploi
ACEFA/AFOP
Le programme ACEFA (Amélioration de la Compétitivité des Exploitations Agropastorales Familiales) s’inscrit dans le secteur agricole et a pour objectif d’améliorer la productivité des exploitations agropastorales familiales. Ceci se fait par l’amélioration du dispositif public de conseil agropastoral, par l’aide à la modernisation de l’appareil productif et par l’intégration progressive des producteurs à l’élaboration de la politique agricole.
Le programme AFOP (Programme d’Appui à la Formation Professionnelle) est complémentaire du programme ACEFA et a pour objectif de contribuer à l’emploi des jeunes et à la croissance inclusive et durable des territoires ruraux du Cameroun.
PAJER-U
Le PAJER-U (Projet d’Appui à la Jeunesse Rurale et Urbaine) a été mis en place par le Ministère de la Jeunesse et de l’Education Civique. Il s’agit d’un incubateur ayant pour objectif d’accompagner les jeunes entrepreneurs dans leurs initiatives.
Bilan des PADMT au Cameroun
Ci-dessous nous dressons le bilan des programmes mentionnés plus haut. Il est difficile de collecter des informations sur l’évaluation de ce type de programme en Afrique et nous n’avons malheureusement pas pu en collecter sur les programmes EFTP et PED.
Programme PIAASI
De 2005 à 2016 ce programme a amélioré la situation du secteur informel camerounais de la manière suivante dans 310 des 360 arrondissements :
ACEFA
Le programme ACEFA s’est déroulé en plusieurs phases. La première phase, dénommée phase ‘pilote’ s’est déroulée de 2008 à 2012 avec un budget de 16,6 milliards FCFA et ses acquis sont les suivants :
La deuxième phase, dite phase ‘d’extension’ s’est déroulée de 2012 à 2017 avec un budget de 60.3 milliards FCFA et ses acquis sont :
La troisième phase est en cours.
AFOP
Entre 2002 et 2016, le programme AFOP a permis de mettre en place 06 entreprises de pêche, 26 écoles et 96 centres. Il a permis le financement de 3050 jeunes formés, dont les projets ont permis de créer 2714 emplois indirects.
PAJER-U
De 2007 à 2012, 15 000 jeunes de 10 régions ont participé au programme, 3000 micro-activités et 189 juniors entreprises ont été financées. Cela a conduit à la création d’à peu près 10 000 emplois.
Conclusion
En somme, le chômage demeure un problème majeur dans les pays d’Afrique subsaharienne. Les Etats africains se doivent de l’adresser au regard de la situation actuelle et des prévisions démographiques.
Jusque-là les pouvoirs publics africains ont adopté des stratégies basées sur le développement simultané de l’offre et de la demande à travers une série de programmes ciblés. Du point de vue de la demande, ils ont pour objectif de constituer une main d’œuvre qualifiée et adaptée aux besoins du marché. Du point de vu de l’offre ils ont pour objectif de stimuler l’entrepreneuriat, l’embauche et de faciliter les démarches associées. Force est cependant de constater que ces stratégies à elles seules ne semblent pas capables d’endiguer le chômage et le sous-emploi dans les pays africains. Ces fléaux demeurent malgré la croissance apparente de ces dernières années.
Les politiques de l’emploi en Afrique subsaharienne sont focalisées sur l’amélioration de la demande d’emploi et sur la fluidification du marché du travail. Cependant de nos jours il est difficile d’imaginer une réelle croissance inclusive en dehors d’une économie fortement industrielle et d’une exportation de produits à forte valeur ajoutée sur le marché mondial. Les politiques actuelles bien qu’ayant un potentiel certain en termes de création d’emplois, ne semblent pas pouvoir se substituer à l’industrialisation.
Cedric HIMELI
Bibliographie
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Confidential C