Compte-rendu de la conférence : « Les questions migratoires en Afrique Subsaharienne »

La conférence à été animée par Shiva Loog et Dominique Bondo en présence du professeur Fweley Diangitukwa, docteur en sciences politiques à l’école panafricaine de Douala, et de Sara Abbas, directrice du bureau France de l’OIM (Organisation internationale des migrations).

Durant la première partie de la conférence, le professeur Diangitukwa a  fait un rappel causal et ontologique des migrations humaines et des migrations africaines en particulier. Il rappelle que les  personnes d’origine africaine qui s’installent en Europe sont souvent considérées comme étrangères, immigrés, voir des réfugiés. Selon lui, en Europe on associe trop souvent le migrant comme une personne en provenance d’une région éloignée de l’Europe, alors que bien souvent les principales communautés étrangères dans les pays européens sont originaires de pays frontaliers, comme le rappelle le professeur en prenant l’exemple des Français et des Allemands en Suisse. 

Dans la seconde partie de son intervention, Professeur Diangitukwa a présenté l’évolution des flux migratoires internationaux sur une longue durée. Il a notamment souligné le fait que les flux migratoires les plus important ont été le fait des européens, à la suite de la conquête de l’Amérique dans un premier temps, puis à l’essor économiques des États-Unis d’Amérique à la fin du XVIII ème siècle. Il a illustré son propos avec l’exemple des Irlandais qui après avoir migré en Angleterre au XVIII ème siècle pour fuir la «  grande famine », se sont installés aux États-Unis d’Amérique.  

Pour le professeur, la problématique de l’immigration africaine en Europe pose de nombreuses tensions « entre les nations, mais également entre les races ». Il considère que dans le contexte de mondialisation, des dirigeants européens utilisent les problématiques migratoires pour attirer une partie de l’électorat nationale. C’est l’une des raisons pour laquelle beaucoup des pays européens « n’accueillent pas  bien les individus » venant d’Afrique, du Moyen Orient où d’Asie. Comme il l’avait rappelé dans sa première partie, les migrants en provenance d’Afrique font souvent l’objet amalgame. Tout d’abord, contrairement à certaines idées pré-conçues en Europe, la majorité des Africains migrent en Afrique (plus de 60%). Le professeur rappelle que tous les Africains qui immigrent en Europe, ne viennent pas des réseaux illégaux.  Il rappelle qu’une partie des immigrants en Europe viennent dans le cadre de programmes nationaux mis en place par les pays européens. Ces programmes auxquels participent notamment l’OIM. 

La question migratoire dans le contexte des politiques européennes a été au coeur du propos de Madame Abbas. Elle a d’abord présenté les travaux de l’OIM en matière de migration. 

L’OIM a été fondée 1951 à Genève, sa première mission a fut de permettre l’immigration d’Européens vers l’Amérique continentale après la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui l’organisation compte 173 pays membres, et 400 bureaux dans le monde. Les bureaux nationaux travail en collaboration avec les ministères concernés par les questions de migration. Madame Abbas a présenté les travaux du bureau France qu’elle dirige, ainsi que les données de l’OIM concernant les migrations africaines. 

En 2018 une personne sur sept est un migrant, en mobilité internationale. Les migrants internationaux sont 258 millions. La majorité concernent des migrations de travail, celles-ci se réalisent principalement en Occident. 25 millions de migrants internationaux ont le statut de réfugiés selon l’ONU. L’Europe a connu une crise migratoire en 2015. Madame Abbas considère qu’il s’agit d’abord d’une «  crise politique », qui a révélé le manque de solidarité entre les pays européens sur la question migratoire. En 2015, la Grèce avait alors accueilli 1 millions de migrants. Les arrivés des migrants ont diminué depuis, grâce aux efforts de la Turquie pour accueillir les migrants en provenance de Syrie. En 2017 les migrants arrivés en Europe était au nombre de 107 000. 

Madame Abbas a ensuite présenté les dispositifs et les activités menées par l’OIM pour accompagner les différents flux migratoires. À la suite de l’invasion de l’Iraq en  2004,  l’OIM a mis en place un outil permettant de suivre les personnes dans leur parcours migratoire. Cet outil nommé « matrice de suivie » permet de connaître les flux entrants et sortants dans les pays de transit. Cela a notamment été mis en place au Niger. 

À partir de cet outil, l’OIM en collaboration avec les gouvernements des pays d’émigration a pu coordonner les activités de réinstallation des réfugiés. Ce dispositif s’applique aux personnes réfugiés ne pouvant pas rentrer dans leurs pays d’origines, et consiste à transférer ces personnes d’un pays d’asile vers un autre pays d’asile qui s’engage à les accueillir. Le bureau dirigé par Mme Abbas participe, avec le gouvernement français et des organismes comme l’OFPRA, à un programme visant à accueillir pour la période 2018-2019 en France 3000 personnes en provenance du Niger et du Tchad. 

Durant la sécession de débat Madame Abbas a tenté d’approfondir certains points. Elle a notamment présenté l’importance des changements climatiques dans les mouvements migratoires aujourd’hui, en soulignant le fait qu’en Afrique la sécheresse était l’un des principaux facteurs de déplacement de population. Mme Abbas a rappelé également les difficultés rencontrées par son organisation à coopérer avec certains États européens (la Hongrie et d’autres pays de l’ancien bloc soviétique). 

M. Diangitukwa est revenu sur la faiblesse de l’Union Africaine a mettre en place une politique migratoire claire et bien définie. Il a notamment pointé les défaillances de la CEMAC à pouvoir assurer la libre circulation des individus dans cette espaces régionale.

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