Au cours de la dernière décennie, le Kenya a réalisé une progression croissante dans l’intégration des sciences, technologies et innovations au sein de son économie. Cet acteur économique majeur d’Afrique de l’Est, avec plus de 47 millions d’habitants en 2017 et un PIB de 70,529 milliards de dollars en 2016, s’est érigé parmi les leaders des NTIC[1] sur le continent africain. Le gouvernement kenyan envisage ainsi mettre à profit la technologie et les innovations pour entretenir cette dynamique favorisant le développement socio-économique.
Selon le directeur exécutif de l’Alliance Smart Africa, Hamadoun Touré : « Les villes sont des moteurs de la croissance économique, particulièrement sur le continent africain qui a connu le taux de croissance urbaine le plus élevé ces vingt dernières années (3,5 % par an). Ainsi, sous la perspective de l’Agenda 2030 des objectifs du développement durable, l’objectif est l’édification de villes résilientes où il faudra réduire les coûts de fonctionnement. Cela concerne principalement, l’approvisionnement en énergie. L’ambition est de les pérenniser en limitant les effets induits par le changement climatique. L’une des résolutions qui semble obtenir le consentement du plus grand nombre dans l’atteinte de ces objectifs, c’est le développement des « smarts cities ».
« Ce sont des villes modernes et connectées qui permettent de mettre en oeuvre des infrastructures communicantes et durables pour améliorer le confort des citoyens tout en étant plus efficaces et en respectant l’environnement », précise Sophie Méritet, professeur affiliée à Sciences Po Paris. Par conséquent, cela constitue une perspective qui au regard des défis actuels pourrait permettre de répondre aux enjeux tels que l’accès aux énergies, la gestion des déchets et l’accroissement de la mobilité.
C’est dans ce contexte qu’en 2008 Konza Technology City est présentée comme l’un des axes majeurs du projet Kenya Vision 2030 qui incarne la politique nationale de développement à long terme. Évalué entre 10 et 14,5 milliards de dollars, elle vise à transformer le Kenya en un pays à revenu intermédiaire nouvellement industrialisé, offrant une haute qualité de vie à tous ses citoyens d’ici 2030, dans un environnement propre et sécurisé. La vision de ce projet intègre trois axes majeurs : Économique ; Social ; et Politique.
L’axe économique vise à atteindre un taux de croissance économique moyen de 10% par an et à maintenir ce taux jusqu’en 2030. Le pilier social vise à engendrer un développement social juste, cohérent et équitable dans un environnement propre et sécurisé, tandis que le pilier politique vise à mettre en place un système démocratique. Les trois axes majeurs sont basés sur les fondements de la stabilité macroéconomique ; le développement des infrastructures ; Sciences, Technologies et Innovations (STI) ; Réformes agraires ; le développement des ressources humaines ; Sécurité et réformes du secteur public.
Ainsi, le Kenya s’est inspiré de la ville américaine de Palo Alto pour lancer, en 2013, la construction de la ville technologique de Konza, annoncée comme une « Sillicon Valley kényane ». Auparavant le site qui accueillait un ancien ranch à 60 kilomètres de Nairobi, la smart city kenyane devrait s’étaler sur plus de 2000 hectares. Konza City, surnommée « Silicon Savannah » c’est-à-dire « la Sillicon Valley qui a jailli de la savane », prévoit d’inaugurer un campus universitaire de 1500 étudiants, des industries de fabrication de matériaux d’assemblage, des hôtels et des zones résidentielles. Il s’agit de créer le cadre le plus propice pour établir un écosystème favorisant l’émulation de start-up, investisseurs et chercheurs. L’objectif est d’en faire un hub d’externalisation des affaires et du développement de logiciels. L’implantation d’éminentes multinationales telles que Google, Samsung, Microsoft sans omettre IBM, permet d’envisager une vision prometteuse pour Konza City. Néanmoins, la condition sine qua none, qui représente une garantie de réussite pour une transformation d’une telle ampleur, n’est autre que la prise en compte des réalités kenyanes pour une adaptation viable.
« L’Afrique doit bien étudier les forces et les faiblesses de chaque expérience et prendre les caractéristiques propres de chaque pays pour voir émerger des villes qui s’inscrivent dans leur environnement », conseille ainsi Sophie Méritet, professeur affiliée à Sciences Po Paris. En effet, l’objectif n’est pas de se calquer sur des expériences ayant des similitudes, menées auparavant sur le continent ou ailleurs. Il est essentiel d’innover en ayant la volonté de se projeter tout en gardant à l’esprit le mode de vie et de consommation locale. Ainsi, le réel défi est de parvenir à une adaptation pour un urbanisme soucieux de la gouvernance locale et de l’efficacité énergétique.
Vitrine du projet phare Kenya vision 2030, l’une des ambitions de Konza city n’est autre que de soulager Nairobi de ses problèmes de grands embouteillages, d’encombrement, et également de soutenir la croissance du pays secteur de la technologie. Nombreux sont ceux qui localement se demandent si la ville de Konza, compte tenu de l’état de pauvreté et d’inégalité dans le pays, devrait vraiment être une priorité du gouvernement kenyan. En effet, le modèle économique kényan doit faire face à un certain nombre de défis. C’est le cas de la répartition très inégale des revenus à travers le territoire (20 % de la population appartient à la classe moyenne mais 40 % vivent toutefois sous le seuil de pauvreté). Le taux de chômage estimé à 11,0 % en 2017 par le BIT[2].
Ainsi, au regard du bref aperçu que fournissent ces données, les avis critiques sur l’initiative Konza Technology City, le désigne comme un projet qui peut accroitre de manière abyssale l’écart entre une population pauvre et un groupe relativement plus aisé. En somme, ces avis soutiennent que cela peut consolider une fracture déjà bien identifiable au sein de la population.
La faible inclusion peut être attribuée à la concentration de l’activité économique productive dans des filières du secteur formel qui emploient un nombre peu important de personnes. Elle peut également être attribuée à la répartition inéquitable du revenu. Sans omettre, la marginalisation de certaines régions qui furent négligées dans l’allocation des ressources par les politiques précédentes ayant participés à cette faible inclusion.
Le défi majeur que doit relever le Kenya consiste à assurer une croissance économique plus inclusive, pour réduire efficacement les inégalités dans le pays. Pour cela, il est important de stimuler le secteur privé avec la création d’un environnement approprié au secteur des affaires, tout en renforçant les compétences de la population active, pour répondre aux exigences du marché du travail, dans économie en pleine mutation. L’environnement des affaires dispose de marchés en expansion et de potentielles bonnes perspectives. Néanmoins, malgré ce dynamisme des problèmes demeurent tels que la corruption et un déficit d’infrastructures insuffisamment développés.
L’ambition du gouvernement kenyan est que Konza City puisse devenir un centre technologique régional en créant un environnement qui favorisera l’entrepreneuriat, l’innovation et la recherche locale.
Au Kenya, le secteur des technologies de l’information est en plein essor. Cela témoigne de la détermination à mettre en place l’environnement réglementaire et les politiques qu’il faut pour encourager les partenariats, l’entreprenariat, la création d’emplois et le partage des connaissances dans un contexte ouvert aux perspectives d’affaires dans le pays, et il y a là certainement une véritable appétence au Kenya pour l’innovation technologique. De nouvelles start-ups, régulièrement lancées au Kenya, tentent de mettre le pays au premier plan du boom technologique de l’Afrique de l’est. Un certain nombre d’entreprises dans le secteur des technologies de l’informations ont apporté une contribution significative à l’amélioration des affaires au Kenya et la vie des citoyens. En voici quelques exemples :
- MyOrder est une solution hébergée pour les petites et moyennes entreprises qui met un « catalogue mobile » entre les mains de leurs acheteurs ;
- iHub est le pôle d’innovation pour la communauté technologique ayant pour but de partager des idées dans le but de lancer des entreprises technologiques durables dans le secteur croissant des TIC au Kenya ;
- Ushahidi, une société de technologie à but non lucratif spécialisée dans le développement de logiciels libres et open source, permet aux utilisateurs de cartographier les signalements de violence, il a été initialement mis au point pour cartographier les rapports de violence au Kenya après la discorde post-électorale au début de 2008 ;
- iCow aide les agriculteurs à tracer les cycles de reproduction de leurs vaches, offrant également des conseils précieux sur l’élevage de vaches, la nutrition animale, la production laitière et la gestation, il a été le vainqueur du prix « Apps 4 Africa » en 2010 ;
- M-Pesa — fournit l’exemple d’une innovation locale kenyane de classe mondiale. En effet, il s’agit d’un système de transfert d’argent et de paiement basé sur téléphone mobile qui illustre bien l’expansion du transfert d’argent par téléphone et des services bancaires mobiles électroniques.
Il ne fait aucun doute que le Kenya a le potentiel pour devenir un hub africain des technologies de l’information, cependant, nombreux observateurs se soucient davantage du fait que le Kenya pourrait encore se perfectionner dans ce domaine plutôt que de se précipiter dans la construction de Konza City. Les observateurs critiques de Konza City soutiennent que si la ville peut être une tentative courageuse de révolutionner le secteur, elle ne devrait pas être la première étape. Ces critiques soutiennent aussi que le Kenya n’a pas encore pleinement développé une base de compétences solides pour soutenir la ville de Konza City. Le Kenya ICT Board a mené une enquête de suivi et d’évaluation auprès de ses membres et ¼ d’entre eux ayant répondu à l’enquête ont déclaré qu’ils ne sont pas satisfaits de la qualité des enseignements professionnels produits par les universités kenyanes.
Par conséquent, nombreux sont ceux qui craignent que si Konza City ne permet pas de jouir à des professionnels des TIC kényans, Konza ne fera qu’offrir une base aux multinationales pour embaucher du personnel étranger et rapatrier leurs profits. Une partie du problème au Kenya est le manque d’enseignants expérimentés dans le secteur de l’instruction aux technologies de l’information. En effet, de nombreux enseignants compétents sont attirés par le secteur privé où le salaire est plus élevé ou d’exercer leurs fonctions à l’étranger. Depuis que le gouvernement a accepté l’initiative Konza City, il y a eu des efforts pour améliorer la qualité des diplômés du Kenya en TI. Le Kenya ICT Board a uni ses forces avec l’Université Carnegie Mellon de Pittsburgh aux Etats-Unis pour concevoir un examen qui va tester les développeurs de logiciels diplômés sur leurs capacités pratiques. Une nouvelle certification reconnue internationalement aidera le Kenya en ce sens. Notamment dans la mesure où les jeunes actifs perçoivent de faibles revenus pour ceux qui travaillent tandis que le taux de chômage des jeunes est légèrement supérieur à 40% en 2017.
C’est l’une des raisons pour laquelle l’impact que le projet aura sur la population locale est une autre préoccupation majeure de la population et du gouvernement. La création de 200 000 emplois est prévue d’ici à 2030 grâce à Konza Technology City. Beaucoup de populations locales ont déjà dû abandonner leurs terres au gouvernement afin de former le site de la ville Konza city qui mettra vingt ans pour atteindre son objectif final, selon KoTDA l’autorité en charge des travaux. Toutefois, on peut se demander comment le gouvernement a prévu de s’assurer que la population locale jouisse de ces opportunités d’emploi. Une zone d’ombre persiste à ce niveau car cet aspect reste peu clair même pour les jeunes kenyans disposant d’une formation avérée et reconnue dans le secteur du numérique et des NTIC. Ainsi, il conviendrait dans ce cas d’insister sur des politiques d’emploi dynamiques en mettant en place des stratégies qui stimulent une croissance favorable telle que le renforcement de compétences des jeunes diplômés et jeunes actifs, la participation croissante des femmes aux activités productives. Enfin, le faible lien entre les programmes d’enseignement et le secteur privé amène un décalage entre l’offre et la demande de compétence ce qui est avéré pour le cas des ingénieurs, techniciens, artisans. Néanmoins, il y a la volonté de corriger cet aspect comme le témoigne la loi kenyane de 2013 sur les programmes d’études, formations techniques et professionnelles (EFTP) qui vise à améliorer la pertinence et la qualité des EFTP en lien avec l’industrie.
En somme, le Kenya dispose de nombreuses forces qu’il pourrait mettre en avant via sa vitrine, le projet Konza City. De nombreuses possibilités sont envisageables, néanmoins des défis d’ampleur considérables se dressent sur ce chemin. Tel est le cas de la création d’emploi pour les jeunes diplômés localement, réduire l’insuffisance en termes de compétences de ces derniers, confirmer sa position de grand Hub du numérique en Afrique de l’Est, développer les infrastructures pour une urbanisation durable.
Konza City devra mettre en place les initiatives qui vont en ce sens rapidement, reconnaître les innovations nécessaires, les expérimenter et les adapter aux besoins locaux. Toutefois, un questionnement sur l’adéquation du programme Vision 2030 Kenya au contexte actuel demeure car de nombreux imprévus viennent contrarier ce plan à moyen terme en raison de leur impact négatif sur l’économie. C’est principalement le cas des fortes périodes de sécheresse, en effet le Kenya est très vulnérable à la variabilité climatique. L’économie Kenyane est fortement dépendante de secteurs sensibles aux contrecoups climatiques tel que l’agriculture. Le plafond des taux d’intérêts à également une incidence négative. En effet, le plafond sur les taux d’intérêts commerciaux imposés par le président Uhuru Kenyatta, le 24 Aout 2016, représente une barrière pour l’augmentation de 23% des revenus issus des intérêts sur les prêts accordés. Ainsi, la décision prise de plafonner les taux de prêt commerciaux a créé un environnement opérationnel très turbulent. La corruption a aussi un impact négatif dans la mesure où il gangrène le pays, cette dernière s’est littéralement intensifiée depuis l’arrivée au pouvoir du président Uhuru Kenyatta en 2013.
En guise d’illustration, dans le classement de l’indice de perception de la corruption 2017 de l’ONG Transparency International, le Kenya est 143ème sur 180 pays ce qui en dit long sur une atmosphère propice à une corruption de grande échelle. A ce propos, pour rappel le gouvernement de Daniel Arap Moi, à la tête du pays entre 1978 et 2002, avait été impliqué dans le scandale de Goldenberg relatif à de fausses exportations d’or à hauteur d’environ 900 millions d’euros. Enfin, l’économie Kenyane dans le contexte actuel est surtout marquée par le changement de priorité des partenaires commerciaux. À ce propos, la dette du Kenya a augmenté. Le dernier prêt commercial en date précise la dette du Kenya à 3,8 trillions de shillings, soit un ratio de dette de 52,7% du PIB, ce qui représente 12 points au-delà des recommandations du FMI pour les pays émergents. Celles-ci correspondent aux projets d’infrastructures en cours dont Konza City.
Focalisons-nous à présent sur le régime foncier et l’utilisation des terres dans les environs de Konza City.
En outre, l’existence de Konza City dans la région augmente le prix de la terre en raison de la spéculation des prix fonciers. La question de savoir à qui dépendait la compétence foncière de Konza City opposait trois comtés. Chacun revendiquait que Konza city était à l’intérieur de leur frontière. Les motifs de la revendication étaient l’obtention d’avantages fiscaux. De ce fait, le gouvernement kenyan par l’intermédiaire du ministère de l’habitat et de l’urbanisme a publié une carte du Kenya démontrant les limites des comtés afin de cesser les différends à propos du territoire. En outre, le gouvernement national a également établi que Konza Techno City est sous la juridiction du gouvernement national avec KoTDA en tant que coordonnateur. Par conséquent, la question de la frontière du territoire fut purement politique et liée aux intérêts fonciers.
Concernant le régime foncier au Kenya, la terre est le facteur le plus important de la production, outre le travail et le capital au Kenya. Elle est considérée comme l’un des éléments à la base du développement économique du Kenya parce que la majorité de la population pratique l’activité agricole. Sur la base du ministère de l’agriculture, les principaux écosystèmes au Kenya sont les forêts, les savanes, les prairies, les zones humides, les plans d’eau frais et salins, et déserts. Seulement 20% du territoire peut être considéré comme une terre à fort potentiel agricole, et le reste des terres sont principalement arides ou semi-arides.
Dans le site du projet Konza City et sa zone tampon, la majeure partie du régime foncier est maintenant considérée comme terre privée avec une base en tenure libre, excepté le site de Konza. L’essor du projet de Konza City a rendu très attractif le marché de la terre dans la zone tampon environnante. L’attrait des perspectives d’impact du développement économique de Konza City attirent de nombreuses personnes à acheter la terre à proximité du site du projet pour des investissements. Ils estiment que lorsque la ville sera établie, ils pourront commencer à y faire des affaires ou tout simplement vendre la terre à nouveau à un prix plus conséquent. Cette situation de spéculation crée beaucoup de demande d’achat de terre, malgré l’incertitude de la date d’achèvement de la construction de la ville et l’augmentation de la valeur de la terre dans la zone tampon dû à la spéculation foncière.
Conclusion
Le projet Konza Technology City a le potentiel de changer radicalement la vie de ceux qui vivent dans la région. Cette initiative a créé un regain d’espoir pour une partie du pays qui a été négligée et pour un peuple qui se considère comme exclu du développement du pays. Konza Technology City a l’ambition d’apporter des installations éducatives et de santé nécessaire ainsi que des services de base comme l’eau, l’électricité et l’assainissement approprié à la région. Le projet a causé beaucoup de changements dans les communautés locales. De nouvelles entreprises surgissent dans le paysage régional, la population se déplace localement dans la région et les prix des terres ont augmenté de façon spectaculaire. Le changement est susceptible d’augmenter de façon considérable encore à l’avenir.
Dans le cadre du projet Konza City, il est également préoccupant de voir les différentes façons dont la collectivité locale et le gouvernement consultent le projet. Il y avait certainement des analogies entre les attentes de la communauté et l’expectation du gouvernement pour le projet, en particulier en ce qui concerne la création d’emplois, cependant, il y a sans doute quelques dissemblances majeures. Le gouvernement et les autres acteurs impliqués dans le projet réfléchissent sous le prisme de la ville et de son potentiel d’augmenter le PIB et de stimuler le secteur de l’informatique, tandis que les personnes qui travaillent localement pensent sous l’angle de l’impact de la ville sur leurs moyens de subsistance et leurs possibilités avérées de gagner un revenu mensuel légèrement plus élevé.
Tandis que les habitants se projettent sous l’aspect de l’impact du projet sur leur vie et dans leurs communautés, le gouvernement a une vision du projet selon une échelle beaucoup plus grande. Pour eux Konza city incarne l’opportunité de faire du Kenya un exemple attrayant en termes de modernité en Afrique de l’Est. En somme, rendre le Kenya plus attractif pour les entreprises internationales cherchant à s’implanter en Afrique de l’est. Le projet bénéficie du soutien d’une partie du pays, les personnalités politiques les plus éminentes et quelques-unes des plus grandes entreprises mondiales, toutefois le fait de savoir si Konza City permettra vraiment de conduire à un développement significatif dans le pays reste assez vague. Souvent, ces projets à grande échelle malgré de bonnes intentions au départ peuvent être déliés de la réalité de ceux qui demeurent sur le terrain. Les plans sont élaborés par des personnes siégeant dans les bureaux du gouvernement, et les meilleures pratiques sont tirées de projets menés dans d’autres pays dans un contexte différent.
Le gouvernement kenyan persévère dans l’idée que l’investissement dans Konza Technology City peut favoriser le développement du pays, c’est possible, toutefois ce propos est à nuancer. Si M-Pesa a certainement changé la vie des Kenyans indépendamment de leurs revenus de manière concrète. Cependant, dans le cadre de Konza city il est peu évident de se prononcer pour savoir si ce projet a le potentiel d’améliorer la vie de la classe moyenne kenyane. Bien qu’il soit avéré qu’il y ait certainement besoin des éléments de grande modernité et d’une architecture luxueuse et futuriste de Konza pour attirer les investisseurs et la communauté internationale au sein de la ville, le projet semble être orienté plus vers cela qu’il ne tend à s’engager dans l’amélioration de la vie des Kenyans à ce stade.
Douglas Befuatala
[1] Bureau international du travail
[2] Technologies de l’information et de la communication
Sources :
Avianto Diky, « Konza Techno City and Its Impact on the Surrounding Local Communities », 2017
Corruption Perceptions Index 2017, Transparency international, [en ligne] (page consultée le 21/03/2018) : transparency.org/news/feature/corruption_perceptions_index_2017
Document de stratégie pays 2014-2018, Kenya, Groupe de la banque africaine de développement, 2014
Fouéré Marie-Aude, Maupeu Hervé, « Une nouvelle Afrique de l’Est ? Introduction thématique », Afrique contemporaine, 2015/1 (No 253), p. 13-35
Johari, Amina, « Kenya’s Konza techno city : utopian vision meets social reality », 2015
Theafricanschools, Konza City, nouvelle Silicon Valley [en ligne] (page consultée le 21/03/2018) : https://theafricanschools.com/fr/content/konza-city-nouvelle-silicon-valley
Villes d’Afrique, l’émergence des villes intelligentes en Afrique, le nouveau magazine de CGLU-A, Numéro 5, 2016
Un avis sur « Konza Technology City : la « Silicon Savannah » à la lumière des enjeux actuels au Kenya »