La situation des noirs en Libye intéresse enfin.

Le 15 novembre, une vidéo alertait  la communauté internationale sur les sévices inhumains et déplorables dont sont victimes les migrants subsahariens en Libye. Depuis, le contenu de ces images fait le tour des réseaux sociaux, pourtant,  il est nécessaire de revenir sur certains points, au vue de l’émotion provoquée par ces images de revenir sur le contexte récent de l’esclavage en Libye .

 

Tout d’abord, le commerce d’humain, en plus de la mise en condition de servitude en Libye, voire dans le monde Arabo-musulman, ne remonte pas à cette fameuse vidéo. Depuis quelques années, des témoignages et des articles traitent des conditions inhumaines dont sont victimes les migrants africains. Ceux qui ont été renvoyés dans leurs pays d’origines, ou ceux qui ont pu arriver jusqu’en Europe relatent régulièrement l’enfer vécu en Libye.

Bien avant la chute du Colonel Kadhafi en 2011, la condition des Noirs de Libye était plus que précaire. Marginalisés, discriminés et cibles du racisme anti-noir, les Fezzani/Fezazna descendants d’esclaves sont en marge de la société. L’intervention internationale en Libye de 2011, sous l’égide de l’OTAN, qui a chassé le chef d’Etat libyen, n’a rien arrangé quant à la condition des Noirs en Libye. Alors que le pays était politiquement stable, la fin du régime Kadhafi a instauré un chaos sans précédent en Libye et dans toute la sous-région libyenne. La défaillance de l’Etat libyen a conduit au morcellement du territoire, aujourd’hui partagé entre  le gouvernement, des chefs de guerres, des  milices, et des organisations terroristes.

En définitive, la déliquescence du pays, a permis, ou plutôt, rouvert une page de l’histoire occultée, qui en toute vraisemblance, n’a jamais été réellement fermée en terre libyenne. Les frontières n’étant plus contrôlées par des autorités officielles, les réfugié(e)s  qui fuient leurs pays d’origines pour des raisons diverses sont les proies de milices cruelles et sanguinaires, qui n’hésitent pas à les extorquer, les humilier, les violer, voire les asservir. Accusés de complaisances envers le Guide, les Africains et les populations négro-libyennes, ont été victimes d’exactions militaires, sous l’oeil de l’OTAN et de Washington, selon certains mails de la candidate à la présidentielle, Hillary Clinton.

«Une nouvelle Gorée», titrait les médias depuis  Avril 2017 pour dénoncer le sort réservé aux réfugiés dans la ville de Misrata ou la capitale Tripoli, où des africains sont vendus entre 200 et 500 dollars. Lorsque ces derniers sont séquestrés, les ravisseurs exigent à ce qu’ils contactent leurs familles, afin qu’une somme avoisinant les 1000 dollars, soit versée aux ravisseurs, si cas échéant, ils sont alors vendus ou tués. Entre temps, des articles et des ONG continuaient à tirer la sonnette d’alarme vis-à-vis des flux migratoires transitant par la Libye. L’Union Africaine présidée par Alpha Condé, l’Afrique du Sud de Jacob Zuma, le Nigeria de Buhari entre autres, restent aphones, si les grandes institutions/puissances africaines ne s’indignent pas en premier lieu, qui devrait le faire ? Attendu que les pays bordés par la Méditerranée, étaient bien plus préoccupés à endiguer la migration sur les mers ou les côtes italiennes, le calvaire des réfugiés africains était voilé, passé sous silence, tout en ne bénéficiant d’aucune forme d’aide.

En dernier lieu, il est reproché aux victimes, de s’aventurer dans des lieux qui leur seront mortels, certains tendent de les responsabiliser, du moins en partie. Il convient de préciser que la situation des réfugiés d’Afrique subsaharienne, corrèle avec les contextes politico-économiques des Etats concernés (Niger, du Sénégal, du Tchad, du Mali, du Cameroun, du Ghana, de Somalie, du Soudan, d’Ethiopie de la Centrafrique, ou encore de Guinée…). En fuyant leurs pays natales ces réfugiés espèrent trouver ce qu’ils n’ont pas forcément chez eux. Si la défaillance de la Libye est attestée, nous pouvons en dire autant du Sud-Soudan, de la Somalie, de la Centrafrique voire du Mali par exemple.

En somme, l’indifférence  des médias, des intellectuels, et des hommes politiques, concernant les massacres perpétrés par des milices libyennes dès la mort du Colonel Kadhafi, témoigne d’une habitude de la communauté internationale, et des Africains eux-mêmes, à ne pas défendre les intérêts du Continent. En bref, le silence bouleversant des élites africaines devenait inédit. Nul besoin d’amener les accusés au tribunal, néanmoins, le mutisme et l’immobilisme des chefs d’Etats, légitiment et  favorisent cette traite négrière moderne.

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